27 Oct 2007
Jean-Luc Deuffic

Coffrets de messagers et images du Moyen Age

Pierre Bergé & Associés nous proposent pour le mercredi 7 novembre 2007 une vente exceptionnelle réalisée autour d’un ensemble remarquable de « coffrets de messagers » de la collection Marie-Thérèse et André Jammes. L’expert en sera Arsène Bonafous-Murat.
La documentation fait défaut concernant ces « coffrets de messagers », boîtes en bois, recouvertes de cuir et renforcées de bandes de fer. Elles pouvaient contenir des lettres, ou des livres. On en recense à peine une centaine, dont 14 à la Bibliothèque nationale de France, et 5 à l’Ecole nationale supérieure des Beaux- Arts. L’intérêt de ces objets est aussi de conserver une image placée à l’intérieur des couvercles, images le plus souvent pieuses.


(c) Photo Pierre Bergé & Associés

Parmi ces illustrations plusieurs appartiennent à un cycle de gravures dues au Maître des très petites Heures d’Anne de Bretagne. Ainsi cette Nativité (lot 17), gravée à partir de la grande Passion (500 x 352 mm), dont une épreuve unique se trouve à la BnF.

La Nativité. Fin du XVe s. Paris. Bois gravé, 164 x 231 mm. Epreuve coloriée au patron en rouge, violacée, rose, bleu vert et jaune. Collée dans le couvercle d’un coffret 220 x 330 x 150 mm.
(c) Photo Pierre Bergé & Associés

Sept scènes de cette suite (qui en comptait 12) ont été retrouvées à ce jour. Tous ces bois sont d’une extrème rareté, exceptée cette Nativité dont on a recensé 12 épreuves, neuf collées dans des coffrets de même type.

En dehors de ces coffrets de messagers d’autres images seront proposées à la vente. L’Entrée du Christ à Jérusalem (lot 38) fait partie  de la série du Maître des très petites Heures d’Anne de Bretagne, seul exemplaire connu. A noter aussi le lot 41, un Saint François d’Assise, ca 1490-1500, 247 x 320, dont deux versions sont connues. Ces deux images proviennent de coffrets.
A signaler (lot 33) un missel manuscrit rédigé vers 1470 à l’usage d’Olmutz avec une reliure d’époque en veau brun sur ais de bois, ornée de fers à froid d’aigles bicéphales et de licornes. L’addition d’une série de saints montrent que l’ouvrage fut adapté à l’usage du diocèse de Salzbourg ou de Ratisbonne.  210 f. (sur 218). Insertion d’une gravure sur bois de la Crucifixion (ca 1475-1485)

catalogue et résultats de la vente sur le site de Pierre Bergé & Associés
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Catalogue de la vente, format pdf
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Selon le marquis de Léon Laborde :
Boiste aux lettres. Petit coffret dans lequel on plaçait les lettres que le messager, dit à boiste, l’écuyer ou tout autre envoyé portait à destination.
1352. Pour faire et forgier la garnison d’argent pour une ceinture et une boiste à porter lettres, laquelle ceinture et boiste, mondit seigneur le dauphin commanda faire au dit Jehan le Brailler, orfèvre, pour Raoullet le Singeter, son messager, et y entra surtout vjm iiij ° un esterlin ob. d’argent, et x esterlins d’or fin à dorer, laquelle garnison de la dicte ceinture fut faicte de clos d’argent moitié rons, moitié quarrez, et dedens yceulz avoit esmaux des a(r)mes de Monseigneur …
1455. Le Roy d’armes d’Anjou à Jehan de Saintré : Le matin, après la messe ouye, je revins en mon logis et vesty vostre cocte d’armes, ainsi que mon droict estoit, et mis la boite, où vostre lectre d’armes estoit, en mon saing, puis par le varlet de l’hostel me fist conduire au palais du roy. (Ant. de la Salle.)

Le poète Eustache Deschamps fut lui-même messager du roi Charles V :

Près d’un an que je sui messagier,
Et que toudis ay la boiste porter
Lettres aussi, pour 11 cens frans.

Autres témoignages de ces \”boistes à lettres\”:
… mises pour dons faits aux messagiers à boiste du roy nostre sire, en ceste année, lesquels, quand ils ont passé par Noyon, ont eu chascune fois XII deniers… » Compte de l’Hôtel-de-Ville de Noyon, pour l’année 1387 (Amans-Alexis Monteil, Histoire des Français, Notes, p. 12)

Compte de 1397. Boites des messagers de la ville (de Tournai). — A Ghiselin Carpentier, orfèvre, pour le salaire de se paine et traveil d’avoir refait, reclaué, rebruné et rappareillié les boites des messagiers de la ville et y avoir mis a pluiseurs fois demy onche d’argent ou environ, tant en claux comme a refaire les castelles et autrement depuis le terme de viij ans passés, et mesmement d’avoir refait le tourielle de la boiste de Sandrart le Cuvelier, l’un desdis messagiers, qui estoit rompue. . . xxx s. (Bulletin de la Société Historique et Littéraire de Tournai, 5, 1858, p. 115)

1 commentaire

  • Bonjour,

    Des images intéressantes et qui semblent peu courantes mais quid de ces coffrets dits "de messagers" ? Qu’est-ce qui le prouve ? La littérature sur le sujet met en garde sur l’origine de ces "coffrets de messagers" qui ne sont souvent que des boîtes à livres. Si certains de ces coffrets présentés dans un beau catalogue possèdent des attaches qui manifestement devaient servir pour une fixation sur un cheval, sur quels éléments peut-on s’appuyer pour affirmer que ce sont réellement tous des coffrets de messagers ?

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