Det Kongelige Bibliotek NKS 165, 4° : « Les obfuscations du monde ». Une œuvre ignorée de l’organiste Jehan Daniel dédiée à la reine Claude de France († 1524)
Il faut parler de madame Claude de France, qui fut très-bonne et très-charitable, et fort douce à tout le monde, et ne fit jamais desplaisir ny mal à aucun de sa cour ny de son royaume. Elle fut aussy fort aymée du roy Louys et de la reyne Anne, ses pere et mere, et estoit leur bonne fille et la bien aymée, comme ils luy monstrerent bien ; car, après que le roy fut paisible duc de Milan, ils la firent declarer et proclamer en la cour de parlement de Paris, à huys ouverts, duchesse des deux plus belles duchés de la chrestienté, qui estoient Milan et Bretaigne, l’une venant du pere, et l’autre de la mere. Quelle heritiere ! s’il vous plaist. Ces deux duchés joinctes ensemble eussent bien faict un beau royaume… Oeuvres Complètes de Pierre de Bourdeille
Portrait de Claude de France. Anonyme. XVIIe s. © Chantilly, musée Condé.
Det Kongelige Bibliotek conserve sous la cote NKS 165, 4° un manuscrit qui semble avoir été complètement ignoré des spécialistes de Claude de France. Nous travaillons à son édition prochaine… quelques éléments de cette étude:
Exécuté sur vélin, le NKS 165, in-quarto de 72 feuillets orné d’initiales en or sur cadres de couleur bleue et rouge, et de 6 miniatures pleine page, contient Les obfuscations du monde, une œuvre inédite de JEHAN DANIEL, organiste poète bien connu pour avoir produit entre autres plusieurs Noëls et chansons publiés vers 1525.
L’ŒUVRE : « LES OBFUSCATIONS DU MONDE »
Au f. 2 sont peintes les armes de France et de Bretagne, avec au-dessus un bandeau rouge où se lit en lettres d’or Claudia Francie Regina Vivat. Au-dessous, une hermine attachée à l’écu par un lacs d’amour, et ces vers :
Dune honneste chaînette amour tient en delis
Lermyne blanche et nette auec la fleur de lys
Au verso est une miniature où est représenté l’auteur offrant son livre à la reine Claude de France.
Plus après, la dédicace à la reine :
A lestoille matutinalle des dames, au mirouer et exemplaire de noblesse. A la prime fleur lilialle dextraction tout le lys enrichissant. A la souueraine ermine armoricalle, …
Au f. 43v :
Plus sont mordans que la dent dun lepurier
Auxi ilz ont vng excellent oupurier
Qui les enlace
Sainct yues est tout seul aduenturier
Dieu na que luy de proces cousturier
Il tient la place.
L’ouvrage se termine par un rondeau :
Du bon du coeur a vostre relieuee
Prendrez en gre tresillustre princesse
Cemien labeur au quel ie nay prins cesse
Tant que sentence y est oultre lieuee
Lœupure nest pas haultement enlieuee
Mais sil vous plaist prenez en la pocesse
Du bon du cueur
Si la chose est des flateurs reprouuee
Cest leur scauoir qui partout les precesse
Il me suffit qui vous plaise et accesse
Car ie lay faict descripture approuuee
Du bon cueur
Sil est faict en bretaigne et bretons ne sont hays
Tres iuste et noble reigne auouez vostre pays.
Si le sens nest touché en equitable affaire
Assez sont courocez quil ne scauent mieux faire.
Finis grace et Amour
Ce \”grace et amour\” se rencontre fréquemment in fine des oeuvres de Jehan Daniel…
Biblio : N.C.L. Abrahams, Description des manuscrits français du moyen âge de la Bibliothèque Royale de Copenhague (1844)
Det Kongelige Bibliotek
L’AUTEUR : JEHAN DANIEL
Les mises faites à la joyeuse venue et entrée du Roi et de la Reine (François 1er et Claude de France), à Nantes, en 1518, relatent que « Jehan Danyel, prebstre organiste de Notre-Dame de Nantes », reçut « pour avoir vacqué a faire partie des devys et ordonnances, pour les faintes des carrefours de ladite ville à ladite entrée, la somme de six escuz d’or, reduicte à monnoye de Bretaigne, vallant 10 livres ». C’est la plus ancienne mention de notre compositeur. Etait-il originaire de Bretagne ? Rien ne permet de l’affirmer pour lors.
Par la suite nous le trouvons à Angers où il fait imprimer plusieurs Noëls :
<> S’ensuyvent plusieurs Noëls nouveaulx / Chansons nouvelles de Nouel, composées tout de nouvel, exquelles verrez les pratiques de confondre les hérétiques. Jo. Daniellus, organista. S.L.N.D. [Angers, ca 1523] [ Lien ]
<> Chantzons sainctes pour vous esbattre / Elegantement exposées / Par ung prisonnier composées / C’est un mil cinq cens vingt et quatre. Jo. Daniellus, organista.
S.L. [Angers], 1524.
<> Chansons joyeuses de noel / Tres doulces et recreatives / Singuliers, suppellatives / Et sont faictes d’assez nouvel. Jo. Daniellus, organista.
S.L.N.D. [Angers, ca 1525]
<> Noëls joyeulx plain de plaisir / A chanter sans nul déplaisir / Johannis Danielis org.
S.L.N.D. [ca 1526]
Dès les années 1520 Jehan Daniel se trouvait à Angers (en 1525 il demeurait rue Baudrière, tout près de la cathédrale, ligne 11 de l’acte en ligne (Me Jehan Danyel dit my tou desservant en l’église sainct Pierre Dangiers ). Source : Odile Halbert.
Le 3 juillet 1521, il est conclu quod Johannes Daniel psaltor et organista dicte ecclesie (Sancti Petri) pro tactu organorum consequetur unam vestem competentem annuatim [centum soldos], et de cetero celebret duas missas qualibet ebdomada. Puis d’autres documents attestent de sa présence dans la capitale angevine entre 1525 et 1540 :
« Vénérable et discret maistre Jehan Daniel, presbtre, organiste et chappelain en l’église collégial de Monsieur sainct Pierre d’Angers et Jehan Provost organifacteur à présent demourant en ladicte ville d’Angers, dient et rapportent par leurs sermens sur ce faicts et prestés par devant vous Monsieur le lieutenant général, advocat et procureur d’Anjou, qu’ils ont congnoissance de l’église d’Angers dès le temps de seze ans ou environ, et en icelle ils ont hanté et fréquenté, mêmement ledict Daniel y a joué des orgues dès et depuis le temps de huit ans ordinairement. » (28 décembre 1533)
Cette déposition, malgré son laconisme, est bien précieuse ; c’est le renseignement biographique le plus étendu que nous ayons sur Jean Daniel. Elle nous révèle sa qualité de prêtre et de chapelain, l’église où if exerçait la profession d’organiste qu’il annonce dans tous ses ouvrages et tout naturellement dans ses Noëls, son séjour à Angers pendant huit ans, du commencement de 1526 à 1533, séjour remontant assurément même à une date plus ancienne, puisque les deux déposants disent qu’ils ont connaissance de l’église cathédrale « dès le temps de seize ans ».
En mai 1531, Jehan Daniel assiste aux funérailles grandioses de Guy XVI de Laval, sur lesquelles il nous a laissé une relation détaillée, publiée chez Jehan Baudouyn, imprimeur à Angers (mais venu de Nantes et Rennes), et dédiée à Gilles de Laval :
L’ordre funeste (funèbre ?), triumphante en pompe pitoyable tenue à l’enterraige de feu de bonne mémoire, très hault, très puissant, magnanime seigneur Monseigneur le comte de Laval, de Montfort, Quintin, sire de Victry, vicomte de Rennes, sire de la Roche Bernard, grand gouverneur et admiral de Bretaigne, ensemble lieutenant du roy, le très plainct et regraicté père de justice, le très-grant zélateur de paix, l’excellent ministre de charité, vroy port du peuple. Le tout contenu en une espitre envoyée à très hault et magnificque seigneur Gilles de Laval, seigneur de Louë, de la Haye en Tourayne, etc. (Exemplaire incomplet à la BM du Mans, 30927)
Cette relation nous fait connaître les liens qu’il avait entretenu avec Guy de Laval, dont il fut peut-être le confesseur …
En 1540 il est encore en charge de l’orgue d’Angers : Solvit magistro Johanni Daniel, organiste, pro gagiis suis pro anno presentis compoti XL l. (Angers, BM 667, compte de fabrique de 1540)
Dans le compte des cens, rentes et devoirs dus au prieuré, maison Dieu et aumônerie de Saint-Jean, de la Saint-Jean-Baptiste 1541 à la Saint-Jean 1544, on lit, au chapitre de la recepte, payable aux termes de Saint-Jean-Baptiste et de Noël par moitié, pour la rue Saint-Nicolas, la mention suivante :
« Maistre Jehan Loyseau, pour maistre Jehan Daniel organiste, pour feu maistre Alman Papot, pour une maison et jardrin sis en ladicte rue Sainct Nycollas, auxdictz termes par moytié de rente, X sous (3). »
A partir de cette date nous perdons la trace de notre organiste poète ….
Lien : Exemple d’un noël de Jehan Daniel : Tous les bourgeois de Châtre : Extrait par les Quatre Barbus.
Biblio : Henri Chardon, « Noëls de Jean Daniel dit Maître Mitou organiste de Saint-Maurice et chapelain de Saint-Pierre d’Angers 1520-1530 précédés d’une étude sur sa vie et ses poésies », dans Bulletin de la Société d’Agriculture, sciences et arts de la Sarthe, tome XXII, 1873-1874, p. 335-400.
« A LA SOUVERAINE ERMINE ARMORICALLE » …. CLAUDE DE FRANCE
Portrait présumé de Claude de France. Anonyme. XVIe s. ©Versailles, château de Versailles
En 1517, on construisit, à Paris, pour l’entrée de Claude, reine de France, un grand arbre généalogique dressé devant le Châtelet (voir les représentations, ci-dessous). Au sommet, se tenaient les représentations de la reine et de son époux, revêtus des insignes royaux. Dessous, se tenaient les deux précédents couples régnants : d’un côté, le père de Claude, Louis XII, et son épouse, la reine Anne de Bretagne, ainsi que le premier époux de cette dernière, Charles VIII, de l’autre, Louis XI et son épouse, Charlotte de Savoie, plus bas encore, Charles VI et sa femme, ancêtres de Claude, et Louis d’Orléans et Valentine Visconti, ancêtres de François Ier. (BnF) :
Puis vint ladicte dame devant Chastellet de Paris, ou elle trouva sur ung grant eschaufault ung arbre ayant plusieurs branches, comme ung arbre de Jessé. Sur le hault estoient ung roy et une royne couronnez, representant le roy et la royne, et de chascun costé d’icelles branches estoient plusieurs princes et princesses, roys et ducz de Bretaigne, remonstrant la lignee et genealogie dont estoit venue ladicte dame. Au bas duquel eschauffault y a voit quatre dames nommees Severité, Mansuetude, Loy et Coustume, car le Chastellet est le lieu de la justice ordinaire du roy. (Sacre, éd. Cynthia J. Brown, p. 305)
<> Le Sacre de Claude de France, London, British Library Stowe 582. ca 1517. Manuscrit ayant appartenu à Philippe, Comte de Béthune (+ 1649). 51 f. 220 x 150 mm. 10 grandes miniatures. Enluminure : Jean Coene IV ? Description.
© London, British Library, Stowe 582, f. 39
© Paris, BnF, Fr. 5750 f. 45. Le Sacre, couronnement, triomphe et entrée de la reine et duchesse, Madame Claude de France, 1517, Paris. Parchemin. 58 f.
Autres manuscrits du Sacre de Claude de France : Paris, BnF. Fr. 14116 ; Paris, Beaux-Arts 491 ; London, British Library Cottonian Titus A XVII …
Biblio : Voir essentiellement Cynthia J. BROWN, Pierre Gringore Les entrées royales à Paris de Marie d’Angleterre (1514) et Claude de France (1517), Droz, 2005 ; et récemment : The Queen’s Library : Image-Making at the Court of Anne of Brittany, 1477-1514, University of Pennsylvania Press, 2011.
Parmi les manuscrits liés à Claude de France :
<> Livre d’Heures de Claude de France, atelier du Maître de Claude de France entre 1515 et 1517
Ancienne collection Paul-Louis Weiller – Vente IV Livres, Autographes et Manuscrits. Vente à venir du 8 avril 2011 (adjugé 2 000 000 €).
Voir le Catalogue Gros & Delettrez en ligne
Les travaux de l’atelier du Maître de Claude de France sont reconnaissables à plus d’un titre. Tout d’abord ses formats minuscules et la précision de ses peintures sont remarquables. Ensuite, la conception architecturale de ses peintures est particulière, elles sont toujours exécutées sur le même principe, la colonne située sur la partie externe du feuillet est mieux finalisée que celle de la marge interne. Enfin l’utilisation des « cordelières », propres à Claude de France et François Ier, est très fréquente dans son ornementation. Il est d’ailleurs aujourd’hui incontestable que le Maître de Claude de France a été un certain temps attaché à la famille royale. On connaît aujourd’hui deux manuscrits exécutés pour Claude de France par l’atelier du maître enlumineur. Un Livre de Prières, malheureusement fort endommagé, recueilli par la Morgan Library and Museum de New-York, qui est plutôt une relation de la vie du Christ, de Marie et de nombreux saints, et ce Livre d’Heures contenant essentiellement l’Office Divin précédé du traditionnel calendrier illustré des miniatures commémorant les grands moments de la vie et du travail. La liturgie des Heures et le calendrier du présent manuscrit n’existent pas dans le Livre de Prières. Le précieux manuscrit minuscule (84 x 55 mm), en parfait état de conservation, est de 121 feuillets rédigés sur vélin, à 22 lignes à la page, calligraphiés en latin, d’une écriture romane, en noir, bleu, rouge et or avec des lettrines bleues, rouges et dorées. Les grandes lettrines sont blanches, sur fond doré encadré d’un large filet bleu. Les Heures de Claude de France à l’usage de Paris sont illustrées de 15 miniatures à pleine page et de 12 miniatures accompagnant le calendrier (Catalogue en ligne).
<> Livre d’heures [Tours, vers 1520]. New York, Pierpont Morgan Library, M.1171.
Album composé de onze miniatures découpées dans le calendrier d’un Livre d’heures et insérées dans des feuilles de vélin, chaque miniature illustrant l’un des travaux des mois surmonté d’une lunette contenant le signe du zodiaque correspondant, chacune d’une dimension totale de 70 x 70 mm, un encadrement doré dissimulant la jointure entre la miniature et le support, chaque page mesurant 130 x 170 mm, le verso des miniatures présentant les fêtes du 10e au 19e jour du mois, dont celles des évêques et archevêques de Tours, notamment les fêtes majeures de saint Lidorius (13 septembre) et saint Martin (11 novembre), la scène de la découpe du cochon en décembre est une miniature du XIXe siècle peinte à même le feuillet de vélin (petit éclat de peinture sur le visage de la femme et bavure sur le visage de l’homme dans la miniature de janvier). Maroquin vert du XIXe siècle à contreplats du vélin ivoire doré de Trautz-Bauzonnet. Provenance : probablement vente du comte de Lignerolles, janvier-février 1894. Ces exquises miniatures sont l’œuvre d’un enlumineur actif à Tours dans le premier quart du XVIe siècle et connu sous le nom de Maître de Claude de France en raison des deux manuscrits réalisés pour Claude, fille d’Anne de Bretagne et de Louis XII, épouse de François Ier et reine de France : un Livre de prière (New York, Morgan Library M.1166 et un Livre d’Heures (collection particulière). Les scènes de cet album présentent des ressemblances frappantes avec les miniatures calendaires des Heures de Claude de France. Dans les Heures de Claude, les miniatures sont également d’une demi-page de haut, placées au-dessus de chaque fête pour le premier tiers du mois. Les sujets sont semblables et les compositions similaires sans être identiques. La fluidité des mouvements et l’intégration plus convaincante des personnages dans le décor laissent penser que les scènes de ce calendrier pourraient être légèrement postérieures aux Heures de Claude. Parfois, la scène se focalise sur un seul personnage en un effet délicieux, comme dans la miniature de mai où la jeune femme assise avec son amant dans le manuscrit de Claude devient une jeune fille dans une roseraie confectionnant une guirlande de mai. L’enlumineur était manifestement attaché d’une façon ou d’une autre au service de la famille royale ; on connaît d’autres manuscrits de sa main, dont un Livre d’heures pour la sœur cadette de Claude de France. Son style se caractérise par la délicatesse et le raffinement de sa technique – les formes et les couleurs sont données par des coups de pinceau brefs et des touches presque pointillistes – et par la création de scènes aux atmosphères évocatrices. Dans ces miniatures calendaires, il atteint l’apogée de son élégance et de son accomplissement. Leur qualité égale celle des chefs-d’œuvre que le Maître de Claude de France produisit pour sa royale mécène. Ces miniatures constituent un ajout significatif à son œuvre.
Calendrier, provenant d’un Livre d’Heures, en latin, enluminé par le Maître de Claude de France. Acquisition à la Vente Christie’s du 25 juin 2009. Provenance : Bibliothèque royale de Claude de France. Fonds Edwards. Manuscrit référencé en 1817 par Thomas Frognall Dibdin dans le tome I de son « Decameron bibliographique » (p. 180) – Bibliothèque Evans Fonds Pickering, libraire à Piccadilly (1845) – Bibliothèque George Daniel à Canonbury.
Je remercie Roger S. Wieck, Curator, Medieval and Renaissance Manuscripts, à la Morgan, qui m’apprend l’acquisition récente de ce manuscrit par la célèbre bibliothèque de New York.
<> New York, The Pierpont Morgan Library, ms M.1166 : The Prayer Book of Claude de France – Provenance : gift of Mrs. Alexandre P. Rosenberg in memory of her husband Alexandre Paul Rosenberg, 2008 © The Morgan Library & Museum
Facsimilé
Le livre de prières de Claude de France – joyau personnel de la jeune reine : New York, The Pierpont Morgan Library, MS M.1166
http://www.quaternio.ch/fr/le-livre-de-prieres-de-claude-de-france
Quelques oeuvres attribuées au Maître de Claude de France :
<> Ecouen, Musée de la Renaissance : saint Augustin et saint Cyrille travaillant à des pupitres. Miniature France, début du XVIe siècle. ECL 11764.
<> Paris, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Feuillets d’un Livre d’heures : Saint Antoine de Padoue, Sainte Geneviève (8° 547 F 74 (n°53 et 54)
<> Paris, Arsenal, 291. Heures à l’usage de Rome.
<> Lyon, Bibliothèque municipale, ms 1558. Miniature ajoutée : saint Jérôme devant le Christ en Croix.
<> Angers, Bibliothèque municipale, ms 2111 : Livre dheures à l’usage dAngers (vers 1510-1520) 23 enluminures de l’atelier du Maître de Claude de France. Galerie Les Enluminures (Paris, Louvre des antiquaires), avril 2007. Cf. Archives dAnjou, t. 11, 2007, p. 196-202.
<> Il Codice Valois, il Vangelo del Delfino di Francia, ms 2020 della Biblioteca Casanatense.
<> Biblioteca Estense Universitaria di Modena, Lat. 614 : Les petites prières della duchessa di Ferrara.
<> London, British Library, Add. 35315. Heures à l’usage de Rome.
Bibliographie
C. J. STERLING, The Master of Claude, Queen of France, a Newly Defined Miniaturist, New York, H.P. Kraus, 1975.
J. BACKHOUSE, The Master of Claude, Queen of France, dans The Burlington Magazine, CXVIII, 1976, p. 524-526.
F. O. BÜTTNER, Zur französischen Buchmalerei um 1500. Bemerkungen anläßlich zweier Publikationen, dans Scriptorium, 32, 1978, p. 290-303.
F. AVRIL & N. REYNAUD, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, 1993, p. 319-323.
Valérie AUCLAIR, François AVRIL, Philippe BRAUNSTEIN, L’art du manuscrit de la Renaissance en France. Paris, Samogy éditions d’art ; Chantilly, Musée Condé, Château de Chantilly, 2001.
R. S. WIECK, “The Primer of Claude de France and the Education of the Renaissance Child” in The Cambridge Illuminations. The Conference Papers, ed. by S. Panayotova, London, Harvey Miller, 2007, p. 267-277; Das Gebetbuch der Claude de France. MS M.1166. The Pierpont Morgan Library, Commentary to the Facsmile Edition, New York, Luzern, 2010 ; The Prayer Book of Claude de France, in The Medieval Book : Glosses from Friends & Colleagues of Christopher De Hamel, James H. Marrow, Richard A. Linenthal, and William Noel, ed., ‘t Goy-Houton, 2010, p. 183-95.
<> Chantilly, Musée Condé, ms 515. Histoire de Palamon et Archita (poème, par Anne de Graville). In-4°, 96 f., mar. vert, coins à petits fers, tr. dor., armes. (Bauzonnet.)
Précieux manuscrit sur vélin, portant sur le deuxième feuillet les armes de Claude de France, première femme de François 1er. L’écu, entouré d’une cordelière, est placé au milieu d’un grand G formé par quatre hermines héraldiques et posé lui-même sur un champ lilas semé de G et d’hermines. Toute la page est encadrée d’une riche cordelière.
En regard, et au verso du premier feuillet, est une dédicace de 18 vers, à la reine, commençant ainsi :
Si J’ay emprins, ma souveraine dame…
Au bas, sur un listel, est écrit :
J’en garde un leal, anagramme bien connu d’Anne de Graville. Anne de Graville, fille du célèbre amiral de Graville, dame d’honneur de Claude de France, aimait beaucoup les livres.
<> Paris, Arsenal 5116. Même texte. Quelques images sur la base photos de Paris BnF. Sur ce manuscrit lire l’Histoire de Marcoussis … Il porte des armes jusqu’ici non identifiées : de gueules à trois têtes de lapin arrachées, deux en chef et une en pointe. Nous proposons d’y voir celles de la famille normande Dumont de Bosquatet, dont la généalogie est en ligne.
Biblio : Myra D. ORTH, « Dedicating women : manuscript culture in the French Renaissance. The cases of Catherine d’Amboise and Anne de Graville », in Journal of the early book society, 1997, t. I, p. 17-47.
Je remercie Guillaume Berthon pour m’avoir signalé ce manuscrit.
Sur Anne de Graville lire par exemples :
Mawy Bouchard, « Le roman \”épique\” : l’exemple d’Anne de Graville » dans Études françaises, vol. 32, n° 1, 1996, p. 99-107, en ligne http://id.erudit.org/iderudit/036014ar
Encyclopedia of women in the Renaissance [en ligne]
LA MORT DE CLAUDE DE FRANCE
Les Croniques de François Ier, publiées pour la première fois en 1859, relatent que : « Le 26e jour du moys de juillet 1524, environ heure de midy, de ce siècle décéda la perle des dames et cler mirouer de bonté, sans aulcune tache, madame Claude, reyne de France, fille du feu roy Louis XII de ce nom, laquelle fut moult regretée, et fut son corps mis en un sercueil, en la chapelle du château de Blois, où il fut longtemps sans être inhumé. Et pour la grant estime de saincteté que l’on avoit d’elle, plusieurs luy portoient offrandes et chandelles, et atestoyent aulcuns avoir été guéris et salvez de quelques maladies par ses mérites et intercessions ; et mesmement une notable dame qui affermoit avoir receu par ses mérites guarison d’une fiebvre qui jà par longtemps l’avoit tourmentée. »
Les funérailles de Claude de France donnèrent lieu à l’impression d’une plaquette :
L’ordre qui fut tenu à l’obseque et funerailles de feu magnanime et tres excellente princesse Claude, par la grace de Dieu royne de France et duchesse de Bretaigne (1524). Petit in-8 gothique de 8 feuillets. Exemplaire : Bibliothèque de Nantes, 48408R.
De même, voir : La doloreuse querimonie de bles soy disant jadis reale ville pour la transportation delle a Sainct Denys en France. Du corps de feuee tresillustre reyne de France duchesse de Bretaigne maistresse des vertus. Madame Claude. [S.l.] : [s.n.] [ca 1524] [4] f. : ill. gr. s. b. ; 8°. Exemplaire : Bibliothèque de Versailles, Goujet in 8 164
Et un recyclage d’André de La Vigne:
Les epitaphes et // rondeaulx. Composez sur le tres // pas de feue, Tresexcellete et tres // debōnaire princesse Claude par // la grace de Dieu Royne de france // et duchesse de Bretaigne. — Finis.
S. l n. d. [Paris ?. 1524], pet. in-8° goth. de 4 f., impr. en lettres de forme. Au titre, un bois des armes de France supportées par deux anges. Paris BnF, Réserve Y. 4481 dans un recueil, qui porte l’ex-libris de Félibien et qui provient en dernier lieu de Louis XVI (Inventaire de L. Capet, n° 17 10). Bibliothèque de Versailles, Goujet in 8 164.
Traité des pompes funèbres, de Lemaire de Belges, dédié à Claude de France, dans Paris, BnF, Fr. 22326, f. 81-107.
Testament de Claude de France du 28 juillet 1524 (copie dans Paris, Bibliothèque de l’Institut, manuscrit Godefroy 307, f. 104-105) [ Lien ] [ lien ] [ lien ]
Je remercie Anders Toftgaard du département des manuscrits et des livres rares de la Kongelige Bibliotek pour sa collaboration.
CREDIT ICONOGRAPHIQUE
London, British Library
New York, Pierpont Morgan Library
Paris, Bibliothèque nationale de France
Chantilly, Musée Condé
Versailles, château de Versailles
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Les statuts de l’« Ordre et aimable compagnie de monsieur saint Michel »
Louis XI crée par ordonnance du 1er août 1469, l’ordre de Saint-Michel, « Ordre et aimable compagnie de monsieur Saint-Michel », fondé « pour la très spéciale et singulière amour que nous avons au noble ordre et état de chevalerie, pour la défense de notre sainte mère l’église et la prospérité de la chose publique », mais essentiellement dans le but de rivaliser avec celui de la Toison d’or du Duc de Bourgogne.
Le siège de l’Ordre fut tout d’abord fixé en l’abbaye du Mont-Saint-Michel, lieu hautement symbolique car ayant toujours résisté à l’envahisseur anglais. C’est de ce fait que l’Ordre tirait sa devise « Immensi tremor oceani » traduisible par « la crainte de l’immense océan ». Sous le règne d’Henri II, le siège sera transféré sur Paris, à la chapelle Saint-Michel du Palais en l’île de la Cité, puis sous Louis XIV sera définitivement fixé au couvent des Cordeliers de Paris. L’Ordre de Saint-Michel se composait initialement de 36 « gentilshommes de nom et d’armes » dont 15 étaient désignés par le roi, Grand maître de l’Ordre, et le reste élu par les membres de l’Ordre. L’élection des nouveaux titulaires de l’Ordre se faisait lors d’un chapitre ( assemblée délibérante ), le 29 septembre, jour de la Saint-Michel. Les récipiendaires devaient s’engager à renoncer à tout autre Ordre et prêter un serment de fidélité irrévocable au Grand maître et à la couronne de France (source).
Nous sommes assez mal renseignés sur les commandes des premiers exemplaires. Au début du XVIe s. la documentation se fait plus précise :
Dans une quittance du 22 janvier 1523, le héraut roi d’armes de l’Ordre, qui était alors Antoine Tavart “confesse avoir reçu de Maitre Nicolas de Neuville … la somme de LXXXVI escus d’or soleil pour icelle somme estre baillee aux escrivains, enlumineurs et relieurs qui feront XII livres en parchemin, esquels seront declaréz, contenuz et escritz les articles, statuts et ordonnances dudict ordre”. […] Par une autre quittance, “Estienne Collaud, enlumineur, demeurant a Paris, confesse avoir reçu de Maitre Antoine Tavart, chevalier, roy d’armes de l’ordre et valet de chambre du roy, la somme de LXXII livres tournois pour avoit fait par ledit Collaud et livré VI livres contenans les chapitres, statuts et ordonnances de l’ordre du roy” (Paris, BnF, Coll. Clairambault ms. 1242, f. 1630). Le susdit enlumineur Etienne Collaud reçut encore le 10 septembre 1528 une nouvelle somme de 72 livres tournois pour le paiement de six autres livres semblables (Source : Durrieu, 1911, p. 31-32).
Parmi les différents exemplaires manuscrits des Statuts, signalons :
France
§ Albi, BM, 93. XVIe s. Papier. Livre des statuts et ordonnances de l’ordre de Saint-Michel.
§ Paris, Arsenal, 2274. Manuscrit inachevé ; la place des initiales, celle des fins de lignes ont été laissées en blanc. Il en est de même de la plus grande partie de la page 9 qui est demeurée vide, attendant le miniaturiste, ce qui prouve bien que le calligraphe et le peintre étaient deux personnes absolument différentes. A la suite de ce volume ont été reliés les Statuts de l’Ordre du Saint Esprit, imprimés chez P. Mettayer, imprimeur-libraire du Roy, Paris, MDCX.
§ Paris, Arsenal 5100. XVe s. Parchemin. 52 f. 232 × 163 mm. Relié en veau, à filets, sans ornements. A la première page se trouve une miniature d’encadrement à compartiments fleuronnés sur un fond de couleurs diverses. L’écu laissé en blanc. A la marge de droite, un chevalier couvert d’une armure assez simple se tient debout sous un pavillon vert; son casque est posé à terre ; il s’appuie, sur un pennon dont le champ, qui devait sans doute recevoir des armoiries, est resté, en blanc. Dans le coin supérieur de gauche se dessilla ; figure du roi Louis XII, en buste, costume royal fleurdelysé, col et manches bordés d’hermine ; il a la couronne en tête, le collier de l’Ordre au cou et tient la main de justice. De la bibliothèque de M. de Paulmy, « Jurisprudence, no 376 D ».
§ Paris, Arsenal, 5101. 1568. Parchemin. 35 f. 232 × 170 mm. Couvert en vélin blanc, avec ornements dorés sur le dos et sur les plats. La première page contient le titre : « L’institvtion et ordonnance des cheualiers de lordre des tres-chrestiens Roys de France. » Au-dessous, un blason ovale, portant d’argent à la fasce bandée d’or et de gueules de six pièces ; l’écu, surmonté d’une couronne de comte à sept perles, est entouré du collier de l’Ordre, le tout dans un encadrement rectangulaire doré. Ces armoiries sont celles des seigneurs de Pons, en Saintonge. Au deuxième feuillet, tête de page ornée de rinceaux de couleur sur fond d’or. Au centre, une tête d’ange surmonte un petit cartouche vert sur lequel un écusson bleu porte, en chiffres de couleur blanche, la date de 1568. De la bibliothèque deM. de Paulmy, « Jurisprudence, n° 376C ».
§ Paris, Arsenal 8562. Parchemin. 73 feuillets. 240 × 160 mm. Italien et français. Écriture de la fin du XVe siècle. Miniature au f. 1, avec au bas, armoiries peintes : d’or à une écrevisse de gueules, surmontée d’une aigle éployée de sable, becquée, membrée et couronnée de gueules ; d’un côté de l’écu, les lettres CO ; de l’autre, NI. Autour de l’écu, le collier de l’ordre de Saint-Michel. De la bibliothèque de Victor Luzarche.
§ Bibliothèque Sainte-Geneviève, manuscrit 1688, f. 1. Description sur le site CALAMES. Illustration ci-dessus. Images sur Liber Floridus.
Au f. 1, les armes de France recouvrent celles de Jean d’Humières, chevalier de l’ordre de Saint-Michel en 1514, mort en 1550.
© Musée du Louvre/P. Philibert. Les fils de Jean d’Humières. Relief provenant de la chapelle funéraire de Jean d’Humières (Pierre Bontemps)
§ Paris, BnF, Clairambault 1242, p. 1421-1469.
§ Paris, BnF, Fr. 14361. XVIe s. Parchemin. 36 f. 250 x 175 mm. Miniature au f. 7v. Provenance : Guyon de Sardière (N° 1472 de son catalogue de Paris, 1759 [ Lien ]).
§ Paris, BnF, Fr. 14362. XVe s. Parchemin. 43 f. 225 x 145 mm.
§ Paris, BnF, Fr. 14363. XVe s. (1493/1494). Parchemin. 17 f. 180 x 150 mm. Miniatures aux f. 3, 6 (Maître de Moulins). Provient des Jésuites de Clermont. Reliure d’époque. Sans doute donné par François 1er au connétable de Bourbon, dont les armes ont été rajoutées. Voir F. Avril et N. Reynaud, Manuscrits à peintures, p. 350-351.
§ Paris, BnF, Fr. 14364. XVe s. Parchemin. 40 f. 235 x 165 mm.
§ Paris, BnF, Fr. 14365. XVIe s. Parchemin. 51 f. 250 x 165 mm. Miniature au f. 8. Provenance : Estrées (n° 13397 de son catalogue, t. II, Paris, 1740), Oratoire.
§ Paris, BnF, Fr. 19806. Le Roi, sur un trône surmonté d’un dais doré portant cette inscription : Sit nornen domini bene (dictum). Cinq chevaliers, ayant au cou le collier de l’Ordre, sont assis de chaque côté du roi. Entourage d’architecture ; le fond est fermé par une draperie fleurdelysée. Le style et l’exécution n’ont rien qui sorte de l’ordinaire. Deux grandes majuscules peintes, lettre L. Plusieurs petites lettres ornées.
§ Paris, BnF, Fr. 19815.
§ Paris, BnF, Fr. 19817.
§ Paris, BnF, Fr. 19818. Ce manuscrit a beaucoup souffert et paraît avoir séjourné dans l’eau. En tête, au verso du premier feuillet, grande miniature représentant les armes des Montmorency, d’or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d’azur, supportées par deux griffons dorés. L’écu, entouré du collier de l’Ordre, est sommé d’un casque héraldique tourné à gauche et orné de lambrequins ; couronne d’or au-dessus du casque et pour cimier une tête de lévrier. En haut de ces armoiries le cri : « Dieux aide av premier (bar)on (chres)tien. » Et en bas la devise : APLANOS (sans tâche). Exécuté pour le connétable de Montmorency.
§ Paris, BnF, Fr. 19819. 1469/1470. Parchemin. 29 f. 205 x 150 mm. Exemplaire probablement destiné au roi Louis XI. Enluminé à Tours par Jean Fouquet [ Lien ]. “M. Paul Durrieu a montré que cet exemplaire des statuts de l’Ordre de Saint-Michel avait été écrit et décoré pour le roi, grand maître et fondateur de l’Ordre, et que la miniature dont il est orné était très probablement l’œuvre de Jean Foucquet. M. Durrieu a même cru pouvoir identifier quelques uns des personnages qui y figurent (“Une peinture historique de Jean Foucquet”, dans, Gazette archéologique, XIV, 1889, p. 61-80, et pl. 14). Ce seraient, parmi ceux qui sont à la droite du roi, Jean Robertet, Gui Bernard, évêque de Langres, Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, Charles de France, duc de Guyenne, frère du roi, et parmi ceux qui sont à sa gauche, Jean Montjoie, héraut d’armes, Jean Bourré, Louis de Laval, seigneur de Chatillon, le connétable de Saint-Pol (?), Jean II, duc de Bourbon, et Louis, bâtard de Bourbon, comte de Roussillon. La scène, tout à fait semblable à la présente, que Montfaucon a reproduite, dans le t. III, p. 306, de ses Monuments de la monarchie française, a été tirée de l’exemplaire des Statuts fait pour Charles de Guyenne, frère du roi, qui est aujourd’hui conservé dans le ms, Clairambault 1242, fol. 1421. Couderc, etc., Exposition de portraits, peints et dessinés du XIIIe au XVIIe siècle, 1907, p. 34… Voir F. Avril et N. Reynaud, Manuscrits à peintures, 1993, p. 143-146.
§ Paris, BnF, Fr. 24013.
§ Paris, BnF, Fr. 25188. Statuts, puis Erection de la chapelle de l’Ordre dans la Sainte-Chapelle (1469-1502). XVIe s. Papier. 137 f. 205 x 140 mm. “Ce livre appartient a messire Estienne Petit, chevalier, conseiller du Roy nostre sire, trésorier de son Ordre Saint Michel … Mil Vc deux” (f. 1). Par la suite a appartenu à Antoine Loisel. (Notre-Dame). Sur Etienne Petit voir par exemple : Noël Valois, “Le Conseil du roi et le Grand Conseil pendant la première année du règne de Charles VIII”, dans Bibliothèque de l’école des chartes, 43, 1882, p. 594-625 [ En ligne ]. Etienne Petit posséda le manuscrit Paris, BnF, Fr. 5476 sur lequel on peut lire : “Ce livre appartient a Estienne Petit, chevalier, conseiller et maistre des comptes du roy à Paris, son notaire et secrétaire, trésorier de son ordre de Saint Michel, seigneur de Croissy et de Collegien en Brie, de Valorges en Hurpois, de Perdignier, de Clarac et de Saint nazaire en Languedoc”. (L. Delisle, Cabinet des manuscrits, p. 392). Voir dans les dessins de Gaignières : (1509) Tableau peint sur bois représentant Mre Estienne Petit, chevalier, Me ordinaire en la chambre des comptes, et dame Catherine Fournier, sa femme, et leurs deux enfants, savoir : Denise Petit, morte jeune, et Estienne Petit, contre le mur à droite, dans la sacristie du collége d’Autun, à Paris. Dessin in-4 carré. Recueil Gaignières, à Oxford, t. XVI, f. 75. En 1515, Etienne Petit offrit une grande partie de sa bibliothèque (325 volumes) au Collège d’Autun. Manuscrit Sorbonne 396 : f. 53. “Fundation de feu monsieur Petit du 24 janvier 1515. f. 66v. Inventarium voluminum librorum pertinencium nobilis personis Stephano Parvo et Katherine Fournier, ejus uxoris”. Inventaire publié par Ch. Beaulieux, “La bibliothèque du collège d’Autun”, dans Revue des bibliothèques, 22, 1912, p. 62-103. Etienne Petit était natif de Montpellier.
§ Paris, BnF, Fr. 25189. XVIe s. Papier. 40 f. 240 x 175 mm (Saint-Victor 1010).
§ Paris, BnF, Fr. 25190. XVIe s. Parchemin. 43 f. 230 x 160 mm. Prov. : Gaignières, 726. En tête, grande miniature occupant toute la première page. Le Roi Henry II, assis sur son trône, la tête tournée à gauche, sous un dais drapé d’étoffe bleue fleurdelysée et occupant tout le fond du tableau. Un peu au-dessous du roi siègent un certain nombre de chevaliers, vêtus de costumes variés, mais portant tous le manteau blanc et le chaperon rouge. Le greffier est assis au milieu de la scène devant une table drapée de France. Le héraut, Mont-Saint-Michel, s’avance par la gauche, la tête découverte, vêtu du hocqueton aux armes royales, tunique de dessous rouge, chausses grises et souliers noirs. Le tableau est inscrit dans un encadrement d’architecture composé de deux colonnes bleues fleurdelysées. Lettre L majuscule, dorée et couronnée, sur champ de France. Au-dessous, l’écusson royal entouré du collier de l’Ordre. Tout en bas, la lettre H et le croissant, plusieurs fois répétés.
§ Paris, BnF, Nlle Acq. Fr. 10657. XVIe s. 8 + 38 f. 190 x 130 mm. A la fin, la date : « 1551, 10 octobre ».
§ Rouen, BM, 38. XVe s. Parchemin. 47 f. 220 x 155 mm. reliure veau fauve, en mosaïque, portant sur les deux plats les armes d’un rhingrave de Salm-Kyrburg, tranches dorée.
§ Rouen BM, 1350. 1550. Parchemin. 250 x 180 mm. 45 f. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, 1, 1886, p. 336.
§ Saint-Germain en Laye, BM, 4. Ci-dessous. XVIe s. Parchemin. 58 f. Miniature au f. 11. Henri II, entouré de chevaliers de l’ordre ; dans la bordure, deux médaillons représentant Diane chasseresse. Reliure du XVIe s., exécutée pour Charles, cardinal de Lorraine, archevêque de Reims (1538-1574) ; sur le premier plat, une pyramide surmontée d’un croissant et entourée de lierre ; devise : Te stante, virebo. Manuscrit numérisé en ligne [ Lien ]
§ Tours, BM, 1160. XVe s. Parchemin. 34 f. 243 x 167 mm. Miniature, f. 7. Catalogue général, p. 811.
§ Exemplaire passé en vente à la Galerie Les Enluminures . 42 f. 242 x 178 mm. Exemplaire sans doute commandité par François 1er. Provenance : Duke Of Marlborough (Spencer-Sunderland) ; De Ramioul ; Howell Wills ; Ellis ; Lardanchet (1960). Description en ligne, bibliographie [ Lien ]
Angleterre
§ London, British Library Harley 4485. Ca 1510/1520. Parchemin. 45 f. 260 x 185 (180 x 115) mm. Voir description et miniature [ Lien ]
§ Oxford, Bodleian Library, Ashmole 775. XVIe s. Initiales.
§ Oxford, Bodleian Library, Rawl. C.888. XVIe s. (Durieu, Les manuscrits, pl. VIII)
Autriche
§ Vienne, ONB, 2637. Une grande miniatures et 5 petites. Enluminé pour Charles VIII par Jacques de Besançon (?).
Italie
§ Milano, Trivulziana, ms. 1394. Source : Les Enluminures
Putaturo Murano, A. Perriccioli Saggese, Codici miniati delle Biblioteca Oratoriana dei Girolamini di Napoli, Naples, 1995, n° 35.
Pays-Bas
§ La Haye KB, 75 J 37. France ; c. 1480 1490 Papier, 37 f., 230 x 161 (140 x 87) mm. Description [ Lien ]
USA
§ Rare Book & Manuscript Library University of Pennsylvania Ms. Codex 781. Numérisé entièrement à cette adresse [ Lien ]
§ New York, Pierpont Morgan Library M 20. 50 f. 218 x 146 mm. Exécuté pour Pierre II de Bourbon (1439-1503). Voir description et bibliographie [ Lien ]
§ Folger Shakespeare Library, Source : Les Enluminures
§Lilly Library, University of Indiana. Source : Les Enluminures
Manuscrit de l’ancienne collection Didot
(catalogue de la vente de juin 1878) : « N° 69. — Statuts de l’Ordre de Saint-Michel, in-4° de 44 feuillets, avec miniature et lettres ornées ; reliure du XVIe siècle en maroquin noir à compartiments fleurdelysés, tranches dorées. Manuscrit du xvie siècle sur beau vélin et d’une belle écriture ronde. Il commence ainsi sans aucun titre : « La table des chappitres du liure de lordre du tres-chrestien Roy de France Loys vnziesme A Ihonneur de Sainct Michel ». En tête, folio 7, recto, se trouve une miniature de toute beauté, admirablement conservée, et occupant les deux tiers de la page ; elle représente la réception d’un chevalier de l’Ordre. Elle est entourée, ainsi que quatre lignes de texte écrites au-dessous, d’un beau cadre renaissance, avec les armes de France au bas. Nous en donnons une reproduction au catalogue illustré. Chaque paragraphe de la table et du texte commence par une charmante initiale en or et couleur. Provient de la Bibliothèque Yemeniz (N° 3080 de son catalogue de 1867). »
Manuscrit de l’ancienne collection de Mac-Carthy Reagh
(Catalogue des livres rares et précieux de la bibliothèque …, , Paris, De Bure frères, 1815, Volume 1, Partie 1)
1239. Le Livre des statuts et ordonnances de l’ordre Saint-Michel, établi par le Très-Chr. roi de France Louis XI. Institution de l’office de prevost et maître des cérémonies, avec autres statuts et ordonnances sur le fait dudit ordre. In-4- m. r. antiqué. Imprimé Sur Vélin.
Manuscrit de l’ancienne collection de Chardin
(Catalogue des livres rares et précieux …de la bibliothèque de M. Chardin, Paris, 1823, vente de 1824, 9 février et jours suivants) :
2307. Livre de l’Ordre du très chrestien Roi de France Loys unziesme, à l’honneur de saint Michel. ln-[\. reliure antiquée, et à compartimens. Manuscrit sur Vélin, avec des initiales peintes en or et en couleurs.
2308. Le même ouvrage. ln-4°. goth. rel. antiquée. Manuscrit sur Vélin.
2309. Le même ouvrage. In-4°. v. b. Manuscrit sur Vélin, orné de quelques miniatures et de riches bordures en or et en couleurs.
2310. Le Livre des statuts et ordonnances de l’Ordre de Saint-Michel, établi par Louis x1. Institution de l’office de prevost et maître des cérémonies, avec autres statuts et ordonnances sur le fait dudit Ordre. In-4°. m. citr. dent.
Imprimé sur Vélin.
Collection particulière. Exemplaire de Louis d’Orléans (F. Avril et N. Reynaud, p. 351).
Ancienne bibliothèque de Cheltenham
Statuts de l’ordre de Saint-Michel (n° 1323), exemplaire aux armes de Du Bellay peintes sur le feuillet de garde, contenant, conformément à la règle adoptée pour ce genre de manuscrits dès l’institution de l’ordre, une grande miniature qui représente la tenue d’un chapitre présidé par le roi, et qui est, dans le cas présent, très faible et sans la moindre valeur quelconque
Autre exemplaire des Statuts de Saint-Michel, datant de la même époque et du même format (n° 4314). Cet exemplaire devait être presque semblable au précédent, mais le feuillet sur lequel était peinte la miniature traditionnelle a été coupé. (Durieu, in Bibliothèque de l’Ecole des chartes, 50, p. 411)
Imprimés
Le Livre des ordonnances des chevaliers de l’ordre du très chrestien roy de France Loys XIe, à l’honneur de sainct Michel. Imprimé à Paris… (Avec autres statuts et ordonnances sur le fait dudit ordre, du 22 décembre 1476.) Ilz se vendent à la rue de la Juifrie, à l’enseigne des deux sagittaires… – A la fin : Cy fine le livre de l’institucion de l’ordre du roy, imprimé nouvellement à Paris, l’an mil cinq cens et douze le XIIII jour d’octobre pour Guillaume Eustace, libraire… Paris, 1512. In-8°, car. goth., 40 f. [Paris, BnF, RES- LL13- 1]
Les statuts de l’Ordre de Saint-Michel
(source : J. Vatout, Souvenirs historiques des résidences royales de France : château d’Amboise, tome VI, Paris, 1845, p. 353-365)
1er août 1469. Loys, par la grace de Dieu roy. de France, scavoir faisons à touts, présens et advenir, que, pour la très parfaicte et singulière amour qu’avons au noble ordre et estat de chevalerie, dont par ardente affection, désirons l’honneur et augmentation ; à ce que, selon nostre entier désir, la saincte foy catholicque, l’estat de nostre mère saincte Eglise, et la prospérité de la chose publicque, soyent tenuz, gardées et défendues, ainsi qu’il appartient.
Nous, à la gloire et louenge de Dieu nostre créateur tout puissant, et révérence de sa glorieuse mère, et commémoration et honneur de monsieur sainct Michel archange, premier chevalier qui, pour la querelle de Dieu, victorieusement batailla contre le Dragon, ancien ennemy de nature humainé, et le trébucha du ciel ; et qui son lieu et oratoire appelé le mont Sainct-Mjchel, a tousjours seuremént gardé, préservé et défendu, sans estre pris, subjugué, ne mis ès mains des anciens ennemys de nostre royaume : Et afin que tous les bons, haults et nobles couraiges soient esmeuz et incitez à œuvres vertueuses, le premier jour du mois d’aoust, l’an de grâce mil quatre cent soixante neuf, et de nostre règne le ix, en nostre chastel d’Amboyse, avons constitué et créé, prins et ordonné, et par ces présentes instituons, créons, prenons et ordonnons un ordre et fraternité de chevalerie, ou aimable compagnie de certain nombre de chevaliers : lequel ordre nous voulons estre nommé ordre de Sainct-Michel, en et soubz la forme, condition, statuts, ordonnances et articles cy-après escripts.
ARTICLE Ier. Il y aura 36 chevaliers, dont le Roy sera le chef, et après lui ses successeurs. — « Les compaignons de l’ordre, à l’entrée d’icelluy, seront tenuz de délaisser et délaisseront tout autre ordre.» Louis XI ne fait exception à cette règle qu’en faveur des empereurs, rois et ducs.
II. Noms des premiers chevaliers de l’ordre : « Nostre très cher et très amé frere Charles duc de Guyenne, nostre cher et très amé frère et cousin Jehan duc de Bourbon et d’Auvergne, nostre très cher et très amé frère et cousin Loys de Luxembourg comte de Saint-Pol connétable de France, André de Laval, seigneur de Loheac, mareschal de France, Jehan comte de Sancerre seigneur de Bueil, Loys de Beaumont seigneur de Laforest et du Plessis-Macé, Jehan d’Estouteville seigneur de Torcy, Loys Laval seigneur de Chastillon, Loys bastard de Bourbon conte (sic) de Roussillon, admiral de France, Antoine de Chabanes conte de Dampmartin grand-maistre d’hostel de France, Jehan bastard d’Armagnac conte de Comminges mareschal de France gouverneur du Daulphiné, George de la Tremouille seigneur de Craon , Gilbert de Chabanes seigneur de Curton séneschal de Guyenne, Loys seigneur de Crussol séneschal de Pictore, et Taneguy du Chastel gouverneur des pays de Roussillon et Sardaine. »
Louis XI ne nomme que les chevaliers des susdits, et par ce même article 2e se reserve pour plus tard la nomination de ceux qui doivent parfaire le nombre des trente-six dits chevaliers.
III. Les chevaliers de l’ordre devront porter : « Un collier d’or faict à coquilles lacées l’une avec l’autre, d’un double las, assises sur chainetes ou mailles d’or, au milieu duquel sur un roc aura un image d’or de monsieur saint Michel, qui reviendra pendant sur la poitrine…
IV. « Item, s’il fallait quelque chose réparer audit collier, pour ceste cause pourra estre mis en mains d’orfévre.» Et le chevalier ne sera passif d’aucune amende. Il ne pourra donner, rendre, engager ne aliener son collier, qui appartient audit ordre.
V. Promesse de bonne et orage amour entre les chevaliers, et de faire respecter l’ordre de Saint-Michel.
VI. Obligation des chevaliers à suivre leur souverain.
VII. Le souverain des chevaliers, et ses successeurs , permettront de garder, défendre, maintenir et entretenir tous les chevaliers dans leurs préeminences , prérogatives, etc.
VIII…..
XXIV. Il y aura un greffier qui tiendra deux livres de la fondation et des ordonnances de l’ordre.
XXV. Il y aura un autre livre où seront écrits les appoinctemens, conclusions et actes des chapitres ordinaires, et les fouîtes commises par les chevaliers de l’ordre….
XXIX. Il y aura un héraut, roi d’armes, s’appelant Mont Saint-Michel, lequel aura un émail qu’il portera, et que ses héritiers rendront. \\ aura douze cents francs de pension, et recevra un.demi-marc d’argent de chacun des chevaliers à tous les chapitres ordinaires.
XXX. Ces quatre officiers de l’ordre, chancelier, greffier, trésorier et héraut, seront sous la protection du souverain.
XXXI. Le vingt-neuf septembre, jour de Saint-Michel, sera tenu Vn chapitre général, à moins, de .convention contraire. Les chevaliers, absents s’excuseront…
Addition du 22 septembre 1476.
LXVII. LXVIII. Création d’un collége. Etablissement, outre les quatre officiers, d’un prévost-maistre des cérémonies….
XCII. Les présents statuts seront enregistrés dans les livres du trésorier.
Louis s’engage de ne rien entreprendre sans consulter ses chevaliers, excepté en matières et entreprinses hastives. Les chevaliers jureront de non relever les entreprinses du souverain…
Bibliographie :
Paul Durrieu, Le manuscrit des Statuts de l’ordre de Saint-Michel, récemment dérobé à la bibliothèque de Saint-Germain-en-Laye, dans Comptes-rendus des séances de l’année… – Académie des inscriptions et belles-lettres, 51, 1907, p. 662-663 [ En ligne ]
Paul Durrieu, Les manuscrits des statuts de l’Ordre de Saint-Michel. Paris, 1911, p. 17-47. (Extrait du Bulletin de la Société française de reproduction de manuscrits à peintures, 1ere année). Voir c.r. de Max Prinet, dans Bibliothèque de l’école des chartes, 74, 1913, p. 169-170. [ numérisé ]
Dutilleux, “Note sur un manuscrit du XVe siècle contenant le texte des statuts de l’ordre de Saint-Michel, appartenant à la bibliothèque communale de Saint-Germain-en-Laye“, dans Mémoires de la Societe des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise, 14, 1885, 161-316.
Recueil historique des chevaliers de l’Ordre de Saint-Michel. Vol. I, 1469-1560, rééd. par Jean François Louis d’Hozier (Michel Popoff ; préf. par Hervé Pinoteau)
Gaston de Carné, Les chevaliers bretons de Saint- Michel. Depuis la fondation de l’Ordre, en 1469, jusqu’à l’ordonnance de 1665, Nantes, Vincent Forest, Emile Grimaud, 1884.
F. Mazerolle, Documents sur les relieurs miniaturistes et calligraphes des ordres royaux de Saint-Michel et du Saint-Esprit, Paris, Librairie Techener, 1897 (Extrait du Bulletin du bibliophile : 1895-1897).
Emile Ginot, “Les statuts de l’ordre de Saint Michel, manuscrit du duc d’Orléans”. Extrait du Bibliographe moderne, 1916-1917, nos 4-5
De l’ordre de Saint-Michel à la Légion d’honneur : cinquième centenaire de la création à Amboise de l’ordre de Saint- Michel Exposition organisée par le musée national de la légion d’honneur et des ordres de chevalerie, 1970, Hôtel de ville d’Amboise.
Philippe Contamine, “L’Ordre de saint Michel au temps de Louis XI et Charles VIII”, dans Mémoires de la Société des antiquaires de France, 1976, p. 212-236.
D’A. J. D. Boulton, The monarchical orders of knighthood in later medieval Europe, 1325-1520, Boydell Press, 2000, p. 427-447 (The order of st Michael the archangel, France 1469-1790).
Philippe Contamine, “Louis XI, François II, duc de Bretagne, et l’ordre de Saint-Michel (1469-1470)”, dans Des pouvoirs en France 1300/1500, 1992, p. 169-190.
M. B. Cousseau, “Un manuscrit du musée Dobrée, les mémoires de Philippe de Commynes”, dans Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes, 38, 2003, p. 119-142.
Ms Grenoble, BM, 1421, f. 27 : Cérémonial de la réception du sieur du Boscq comme chevalier de l’ordre de Saint-Michel. XVIe siècle.
Nantes, BM, 1848. Remise du collier de l’ordre de Saint-Michel au sieur Lespinay, seigneur du Chaffault (deux pièces du 3 septembre 1634, signées par Louis XIII). — Certificat signé : Ch. du Cambout (6 avril 1635). — Parchemin
Pour les manuscrits : CCFR
Illustration ci-contre : Louis XII. roy de France : [ Buste du roi à droite, la tête ceinte d’une couronne fleurdelisée fermée, le collier de l’ordre de Saint-Michel autour du cou ] Gallica.
« … Je me remembre Maistre Jean Binel … »
Le dix-huitième de novembre,
L’an mil quatre cent soixante-cinq,
Fut fait docteur, je me remembre (1)
Maistre Jean Binel, et y vint
Grande abondance de seigneurs
Moult nobles et de grandes valeurs.
L’Université assemblée
Bien festoya cette journée
Et si honorablement que s’en taire
Mieux cy vault que dire du contraire.
C’est ainsi que messire Guillaume Oudin, contemporain, prêtre sacriste de l’abbaye Notre-Dame de Ronceray, relate l’accession au doctorat universitaire de Jean Binel (2).
Un acte du 15 Octobre 1433 fait déjà mention de Jean Binel, seigneur de Lessé, en qualité de trésorier d’Anjou. Né à Saumur, il fut professeur de droit à Angers. « Il fut aussi docteur ès lois, juge ordinaire d’Anjou, et chancelier d’Alençon », ambassadeur à Venise (où il est traité de « famosus doctor »). Dans un compte qu’il rendit en 1486, on trouve la note d’une dépense à laquelle l’Anjou fut taxée pour la représentation du fameux mystère de la passion, composé par Jean Michel, d’Angers. M. de Caignat et le père Montfaucon ont donné le dessin du tombeau (aux Jacobins d’Angers) de Jean Binel, mais se sont trompés en plaçant sa mort en 1464, advenue en réalité à Tours le 18 mai 1491.
Les armes de Binel étaient d’argent à l’aigle éployée de gueules.
René d’Anjou, connaissant les mérites de Jean Binel, le nomma chancelier de Provence, après la mort du vénérable Jean des Martins. Binel lui répondit la lettre suivante :
Sire, je me recommande à vostre bonne grâce, tant et si très humblement comme je puis. Et vous plaise sçavoir, sire, que par Loys porteur de ces présentes, ay receu les lettres qu’il vous a pleu m’escrire, contenant que vostre vouloir est de me commettre en vostre office de chancelier, de présent vacant, par le décès de feu vostre chancelier, à qui Dieu pardoint. Sire, en ce et aultres chouses despiéça (depuis longtemps), ay cogueu et cognoys que de vostre bonté et bénignité vous avez eu et avez vouloir et affection à moy ; car me offrez le plus grant honneur et estat que jamais pourrois avoir, dont je vous remercie, si très humblement comme je puis.
Sire, l’honneur et estat qu’il vous plaist m’offrir je n’ouseraye accepter, pour ce que je sçay et cognois que de moy n’y seriez servi, comme il appartient, et que par adventure vous entendez le devoir estre. Car jamais je ne fus au pays, je ne cognois ne entends la manière de faire et coustumes de par de là, et mesmement n’en n’entends le langage ; et ainsi bonnement ne vous y sauroye servir, au moins comme l’estat et office, qui est en justice le plus grant et le plus honorable de vos pays, le requiert.
Sire, s’il vous plaist que ne croyez pas que le regret de la ville et du pays dont je suis natif, de la maison, de ce petit héritaige que je puis avoir, ne de mes parents et amys de par deçà, ne aussi la crainte de l’air de par delà, qui est peut-être plus gras et plus fort qu’il n’est icy, me le feront faire ; car il n’est chouse que ne voulsisse de bon cueur abandonner et repousser pour vostre service, non seulement mon vaillant, mais aussi bien ma personne et ma vie. Et bien mal me seroit que de vostre grâce me vouldriez avancer en si grant honneur et estat, il vous tournast par mon défault à desplaisir ou domaige.
Pourquoy, sire, vous supplie très humblement, qu’il vous plaise m’avoir pour excusé, et me tenant à vostre grâce, tousjours me mander et commander vos bons plaisirs, et je les accomplirai à mon pouvoir au bon plaisir (de) Nostre Seigneur, auquel je prye qu’il vous doint très bonne vie et longue, et accomplis, sement de vos très nobles désirs.
Escript en vostre ville de Saulmur, le samedi 23e jour d’avril 1475.
Vostre très humble et très obéissant serviteur,
Jean Binel
(Source : Théodore de Quatrebarbes, Oeuvres choisies du roi René, avec une biographie et des notices, I, Angers, 1848, p. cxxx-cxxxi
Notes
(1) \”Fait de (se) remettre en mémoire, de (se) rappeler qqc., souvenir\”
(2) Revue de l’Anjou et du Maine, I, 1857, p. 2-3.
Le nom de Jean Binel se retrouve sur plusieurs manuscrits :
Au f. 367 du ms Rouen BM 10 (ancien A32), une Bible du XIIIe s., est un acte de vente aux encheres (1462) de ce manuscrit, adjugé pour la somme de vingt-trois 6cus d’or par « Jean Lemercier, garde de la librairie de l’université d’Angers », à « Maistre Jehan Binel, licencie en loys, seigneur de Lesse » . Il avait appartenu auparavant à Jean de Cherbeye (ou d’Escherbaye), qui 1’avait acheté 40 francs. Une liste de livres de droit, avec les prix auxquels ils avaient été payés, probablement en 1291, couvre le f. 371v.
(C) London, British Library, Burney 209, détail. Marque des Jésuites de Paris.
Un exemplaire incomplet des Institutes de Justinien, Angers BM 334, du XVe s. porte également la marque de Jean Binel : \”Pro me Johanne Binel, legum minimo doctore\”. (Catalogue généra, \”Angers\”, Paris, 1898, p. 312-313)
Angers BM 334. Détail, f. 10. © Institut de recherche et d’histoire des textes – CNRS. Base Enluminures
Enfin, citons à la British Library, sous la cote Burney 209, un Valerius Maximus, Facta et dicta memorabilia, copié en 1463 par Jean Davarant. On peut y lire :
Arietis diuo fauente num(in)e luce tercia Anno incarnac(i)o(n)is do(mini)ce mille(si)mo quadringente(si)mo sexagesimo tercio. Est hic Valerii maximi historiographi complete graficatus liber pro […lignes grattées …] D(omi)no meo colendissi(m)o mag(ist)ro Johanne binel arciu(m) mag(ist)ro ac in legibus licenciato. Me Johanne dauarant et si fas de seip(s)o talia fari foret, arciu(m) mag(ist)ro legu(m) baccalario et tu(n)c t(em)p(o)ris in fructuu(m) universitate amplissi(m)a pro norma(n)nor(um) natione procuratore. Manib(us) protrahente ; Dei genitrici laudes. Amen. (f. 179v) ;
Signature (identique à celle du manuscrit d’Angers) :
Pro Iohanne binel legum minime doctore Binel (f. 181).
Le manuscrit a fait, par la suite, partie des collections de Gilles Ménage (1613-1692), le philologue bien connu. Voir description et bibliographie de ce manuscrit sur le site de la British Library [ Lien ]
Gilles Ménage (1613-1692)
Pages
Auteur du blog : Jean-Luc DEUFFIC

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