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25 Fév 2011
Jean-Luc Deuffic

La Bible historiale d’Hervé de Léon (ms Sainte-Geneviève 22) et la \”librairie\” d’un seigneur (breton ?)

Le manuscrit 22 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris, ”Bible historiale” de Guyart des Moulins, exécutée vers 1330, apporte une information généalogique précise sur  l’illustre famille bretonne des seigneurs de Léon dont les exploits de certains membres ont été contés par le chroniqueur Froissart. On y trouve en effet au recto du dernier feuillet cette note très détaillée de la naissance en 1341, à la Roche-Maurice (Finistère), le dimanche après la translation de saint Martin, à deux heures environ avant le lever du soleil, d’Hervé VIII de Léon, fils d’Hervé VII et de Marguerite d’Avaugour, sa seconde femme  :
« Anno Domini M° CCC° XLI°, die Jovis post translacionem beati Martini, de nocte, quasi per duas leucas ante diem, aput Rocham seu Rupem Mauricii , fuit natus HERVEUS DE LEONIA, ex nobilissimis parentibus procreatus, patre scilicet domino HERVEO DE LEONIA, matre autem domina Margareta de Alvalgoria ; et hoc, tempore guerre super ducatu Britannie inter Karolum Blesensem, dominum de Penthevreia, ex una parte, et comitem de Monte Forti ex alia ; et fuit conceptus in reditu guerre dominorum regum Francie scilicet et Anglie. Sit longevus ut Matusale, sapiens ut Salomon, robustus ut Samson, salvatus ut Petrus Symon ! Amen ». Ainsi, cette Bible appartint à Hervé VII de Léon, chevalier, seigneur de Noyon-sur-Andelle.

Pour l’histoire même du manuscrit, notons la présence au verso du dernier feuillet d’un inventaire très précieux :
« Ensuit les noms et nombres des livres que a Monsr. » Qui est donc ce « Monseigneur » ?
Tout d’abord il importe de savoir que notre Bible passa par l’officine du libraire parisien Geoffroy de Saint-Léger, connu pour avoir exercé comme libraire-juré de l’Université de Paris en 1316. Au bas du f. 37v, il signe « C’est Geufroi de S. Ligier ». L’initiale \”G\” placée au f. 56 et accompagnant plusieurs illustrations ont conduit François Avril à voir aussi en lui l’enlumineur. Dans tous les cas il doit être celui qui vendit le manuscrit au seigneur de Léon.
Nous savons qu’Hervé de Léon possédait à Paris la « Maison d’Ardoise … assise … en la grant rue S. Denis », laquelle fut du reste vendue par sa femme Marguerite d’Avaugour à la confrérie Saint-Jacques aux Pélerins en 1343-1344 pour la \”délivrance\” de son mari alors prisonnier en Angleterre (1). Au début de l’année 1341, Hervé de Léon testa à Paris, en présence notamment du canoniste breton Henri Bohic, dans la demeure de Guy de la Roche, in vico alterius divitis, en la rue de l’autre Riche (sic = il s’agit en fait de la rue d’Autriche), près du Louvre (voir en ligne), non loin du quartier de la Petite Bretagne..


La Maison d’Ardoise était située rue Saint-Denis, entre la rue du Cygne et la rue Mauconseil : voir le plan in extenso.

On peut donc supposer qu’Hervé de Léon acquit cette bible de Geoffroy de Saint-Léger. Pour ce qui est du « Monseigneur » de l’inventaire, conjecturons que le manuscrit passa aux héritiers des seigneurs de Léon que furent les vicomtes de Rohan. Jean I du nom épousa en 1349 Jeanne de Léon ( + 1372). Et l’on connaît assez l’attrait de certains Rohan envers les livres et les manuscrits pour envisager que ce \”Monseigneur\” est issu de cette famille et que l’inventaire en question a pu être celui de la \”librairie\” d’un seigneur de Rohan : Pierre (+ 1518), Jean II (+ 1516), Alain IX (+ 1462) … ?. Mais le doute subsiste …
La mention du Testament de maître François Villon dans cet inventaire ne permet toutefois pas d’en placer la rédaction avant 1460. D’autre part il est souvent difficile de savoir s’il s’agit d’imprimés ou de manuscrits.


(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 175. Salomon et la reine de Saba

Parchemin. 545 f. 455 x 320 mm. 2 colonnes de 50/52 lignes. Maître du Roman de Fauvel. 125 miniatures « représentatives d’une certaine production commerciale qui envahit le marché parisien autour des années 1320-1335 » (F. Avril). Se trouvait à Sainte-Geneviève dès 1698 d’après la note inscrite au haut du premier feuillet : « Ex libris S. Genovefae Paris., 1698, 20 livres ».

Le style de cet artiste (le Maître du Roman de Fauvel) se repère facilement par le traitement des carnations en blanc, les compositions souvent un peu maladroites, les visages aux bouches, nez et yeux rapprochés, les chevelures bouclées, les drapés fluides aux plis cassés qui ne dévoilent aucune anatomie. Il favorise l’aspect narratif et expressif des personnages. Comme il a beaucoup produit d’enluminures, il se répète souvent et commet des erreurs iconographiques (Éléonore Fournié)

Au verso du dernier feuillet, 545v :

« Ensuit les noms et nombres des livres que a Monsr
1 Lancelot du Lac
(= peut-être le manuscrit ayant appartenu à Francis Douce : Printed books and manuscripts bequeathed by Francis Douce, Oxford, 1840, lot 189. Fiche ARLIMA– Voir le manuscrit numérisé de RENNES).
2 Giron le courtoys
(= un exemplaire de \”Gyron Le Courtoys\”, daté ca 1430, ayant appartenu à un Rohan, est signalé à la vente Quaritch de novembre 1880, catalogue 332, lot 50. Voir  : Gyron le Courtois , avec la devise des Armes de tous les Chevaliers de la Table Ronde ; translaté et compilé par Rusticien de Puise. Paris, Verard, gothique, in-fol – Fiche ARLIMA).
3 Le sainct Greal
(= L’Histoire, ou Roman du Sainct Greal, qui est le fondement de la Table Ronde, que on dit de Lancelot du Lac et du Roy Artus et des autres Chevaliers de la Table Ronde, translaté en Romance par Messire Rob. de Borron. Voir l’édition de Galliot du Pré, de 1516 – Le ms numérisé Paris, BnF, Fr. 113).
4 Merlin et ses prophecies
(= manuscrit ou imprimé ? : L’Histoire de Merlin, et ses Prophéties. Paris, Verard, 1498, gothique – Merlin de Robert de Boron, Fiche ARLIMA).
5 Godeffroy de Billon
(= Li Roman de Godefroy de Bouillon – Voir sur Persée l’analyse du roman par Le Roux de Lincy, dans BEC, 1841).
6 Le Regime des princes
(= Le De regimine principum fut composé vers 1280 par Gilles de Rome, précepteur de Philippe Le Bel (BnF). Gilles de Rome sur ARLIMA. Ce fut un grand succès de la littérature politique médiévale (près de 200 manuscrits latins conservés), traduit en français dès 1282. Charles V en possèdait une dizaine d’exemplaires dans sa \”librairie\”). 
7 Un aultre petit livre du sang Greal
(= Cf.  Conqueste de la très doulce mercy au coeur d’amour espris ; ensuivant les termes du parler du livre de la Conquête du Sang Greal : Ouvrage mêlé de prose et de vers, composé par René (d’Anjou Roy de Sicile, oncle et cousin de Jean II, Duc de Bourbon et d’Auvergne, à qui il est dédié ) M.S. in-fol – Voir le manuscrit numérisé Paris, BnF, Fr. 343
8 Le Livre des Anges
( = Le Livre des saints anges, premier ouvrage imprimé à Genève, et achevé le 23 Mars 1478; pour les manuscrits, par ex. \”Le Livre des Anges, compilé par Frère Françoys Eximinez de l’Ordre des Frères Mineurs, à la requeste de Messire Pierre d’Artes, Chevalier-Gouverneur jadis du Roy d’Arragon\”. in-fol. Manuscrit sur vélin, du 15e siècle, enrichi de deux belles miniatures, avec les Sommaires en rouge & ses lettres tourneures peintes en or & en couleurs. Vendu 39 liv. chez M. le Duc de la Vallière.
9 Regnaud de Montauban
(= Renaut de Montauban. Paris, BnF, Fr. 764, XVe s., Flandre). Sur ARLIMA.
10 Le Champion des dames
(= Le Champion des Dames, contenant la deffense des Dames contre Mallebouche et ses consorts ; (ou critique du Romant de la Rose 🙂 composé en vers par Martin franc Secretaire du Pape Felix V. avec figures. Paris, Galliot du Pré, 1530. Martin Le Franc ;  Incunable sur Gallica.
11 Le Romant de la Rose
(= voir ici)
12 Alixandre en prose
(= Vasquez de Lucène, littérateur portugais, dans la traduction française qu’il fit de Q. Curce en 1468, dit que l’ Histoire d’Alexandre se trouvait de son temps « en francois en rime et en prose en six ou sept manières, mais corrompues, changées, fausses et pleines de évidens mensonges. » Sur le Roman d’Alexandre. Voir la numérisation en ligne sur le site de la BnF du manuscrit Paris, BnF, Fr. 9342, XVe s., pour Philippe Le Bon, duc de Bourgogne.
13 Alixandre en ryme
(= Le roman d’Alexandre en vers, sur ARLIMA)
14 Le Romant de Regnart
(= Le roman de renart, sur ARLIMA. Dossier pédagogique sur la BnF et le manuscrit numérisé Paris, BnF, Fr. 12584).
15 Deon (sic) de Meances
(= Doon de Mayence. Voir fiche sur ARLIMA. Edition en ligne, Guessard, 1859).
16 Le livre de Ysopet
(= Ysopet, de Marie de France ?. ARLIMA – Mohan Halgrain, Autour du stemma de l’Isopet de Marie de France).
17 Le Livre de Mandeville
(= Jean de Mandeville, Le Livre des Merveilles du Monde. Fiche ARLIMA. Paris, BnF, Fr. 22971,
18 Aubri le Bourgoignon
(= Auberi Le Bourguignon. Fiche ARLIMA. Edition Tarbé en ligne. Passage de Codex and Context. Un exemplaire manuscrit de la bibliothèque de La Vallière).
19 Le Testament M. F. Vouillon
(= Le Testament de François Villon. Fiche ARLIMA – Le Grand testament, sur Wikisource – Illustrations sur GallicaSociété François Villon).
20 Plusieurs aultres l
21 Beuffves d’Antonne
(= Beuve d’Hantone. Fiche ARLIMA.
22 Un livre de sermons
23 Un livre des Sept Sages de Romme
(= Les sept sages de Rome. Voir dans Brunet. Etude dans le Bibliophile français. Fiche ARLIMA.
24 La Guillemine
(= ?)
25 Les Croniques du roy d’Angleterre
(= Recueil des croniques et anciennes istoires de la Grant Bretaigne, de Jean de Wavrin. Fiche ARLIMA – Voir le manuscrit de la Bibliothèque de La Haye, KB, 133 A 7 I-III – Le manuscrit numérisé sur Gallica : Paris, BnF, Fr. 79.
26 Un livre ecclesiastique
27 Le Rebours de Matheolus
(= de Jehan Le Fevre, Voir édition de 1864 en ligne.
28 La vie sainct Jehan Baptiste
(= Vie de saint Jean, plusieurs éditions dans Brunet.
29 La vie sainct Balan et Josaphat
(= Barlaam et Josaphat. Fiche ARLIMA – Jean Sonet, Le roman de Barlaam et Josaphat, dans Revue belge de philologie et d’histoire, 23, 1944, p. 25-37, en ligne sur PERSEE .
30 Troille
(= Giovanni Boccaccio : Roman de Troyle et Criséïde)
31 La Légende dorée
(= de Jacques de Voragine. Voir ici – Fiche ARLIMA).
32 Un petit livre de la table ronde, Greal
(= Voir expo sur le site Paris, BnF)
33 Paris et Vianne
(= Paris et Vienne. Voir dans Brunet pour diverses éditions.
34 Vita Christi
(= de Louis de Saxe. Paris, BnF, Fr. 177, 178. Manuscrit Hunter 36-39 de la Bibliothèque de GLASGOW. Sur Gallica :  Le grand \”Vita Christi\” en françoys, par Ludolphe le Chartreux, traduit par Guillaume Lemenand, 1493/1494).
35 Bouciquault
(= Le Livre des faicts du bon messire Jean le Maingre, dit Boucicaut. – Fiche ARLIMA – Edition Lalande).
36 Theseus roy de Grece
(= Peut-être la Vie de Theseus, par Plutarque. Voir le manuscrit Paris, BnF. Fr. 1396 – ou La Théséide de Boccace, traduction anonyme en prose française. Fiche ARLIMA. Imprimé : Ferrare, Augustinus Carnerius, 1474).
37 La Bible
(= sans doute la Bible historiale, manuscrit Sainte-Geneviève 22)


(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 3. Dieu sépare la lumière des ténèbres. A noter l’indication manuscrite \”blanc\” donnée à l’enlumineur. Comparer avec le ms Paris, BnF, Fr. 8, f. 3, ci-dessous, où la même technique a été utilisée, de même pour le ms Montpellier BU H49. Voir à ce sujet S. Berger – P. Durrieu, « Les notes pour l’enlumineur dans les manuscrits du Moyen Age », dans Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. 53, 1892, p. 1-30. P. Stirnemann & M. T. Gousset, « Marques, mots, pratiques : leur signification, et leurs liens dans le travail des enlumineurs », dans O. Weijers (éd.), Vocabulaire du livre et de l’écriture au Moyen Âge. Actes de la table ronde, Paris, 24 septembre 1987, Turnhout, Brepols, 1989, p. 34-55 :


(c) Manuscrit Paris, BnF, Fr. 8, f. 3. Bible historiale. ca 1320/1330. Maître du roman de Fauvel. Illustration base Mandragore
Description E. Fournié.


Manuscrit Montpellier, Bibliothèque de Médecine, H49, f. 3v. Bible historiale. vers 1312-1317.
(c) IRHT/Montpellier BIU. Images en ligne. Notice du manuscrit par E. Fournié.


(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 13; Naissance de Seth. Autre indication sur la tenture blanche : \”ouvre\” pour \”orner\”. Cf. M. T. Gousset, Libraires, p. 173

BIBLIOGRAPHIE ET LIENS

Voir le manuscrit numérisé sur la base Liber Floridus.
Description du manuscrit sur CALAMES
Éléonore Fournié, « Catalogue des manuscrits de la Bible historiale (3/3) », L’Atelier du Centre de recherches historiques , 03.2 | 2009 , [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2009. URL : http://acrh.revues.org/index1469.html. Consulté le 28 février 2011.
Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris. 
Guyart des Moulins sur le site ARLIMA
La Bible historiale de la National Library of Russia
La Bible historiale de la Médiathèque de Troyes, enluminée en partie par le Maître de Fauvel.
Paris, BnF, Fr. 761. La légende du roi Arthur, Maitre de Fauvel
Aden Kumler, “Faire translater, faire historier: Charles V’s Bible historiale (Houghton Library, fMS Typ. 555) and the Visual Rhetoric of Vernacular Sapience,” Studies in Iconography, 29, 2008, p. 90-135 [ en ligne ].

Kohler, Catalogue des manuscrits de Sainte-Geneviève, t.1, p. 24-25.
Paul Meyer, « Inventaire d’une bibliothèque française », dans Bulletin de la Société des anciens textes français, 1883, p. 70-72.
S. Berger, La Bible française au Moyen-Age, Paris, 1884, p. 213, 288, 304, 376-377.
A. Ramé, « La Bible des sires de Léon », dans Mélanges d’histoire et d’archéologie bretonne, t. 1, 1855, p. 241-246.
A. Boinet, Bulletin de la Société française de reproduction de manuscrits à peintures, 5, 1921, p. 73-75.
François Duine, Inventaire , n° 309.
Frédéric Lyna, « Les miniatures d’un manuscrit du li nous dit », dans Scriptorium, 1, 1946, p. 117.
François Avril, Les Fastes du gothique, le siècle de Charles V. Paris, exposition du Grand Palais, 1981-1982, catalogue, p. 298 et pl. 244.
A. M. Genevois, J.-F. Genest et Anne Chalandon, Bibliothèque des manuscrits médiévaux en France, relevé des inventaires du VIIIe au XVIIIe siècle, Paris, 1987, no 1925.
R. H. & M. A. Rouse,The commercial production of manuscript books in late-thirteenth-century and early-fourteenth-century Paris, dans Linda L. Brown-Rigg (éd.), Medieval book production assessing the evidence. Proceedings of the second conference of the Seminar in the history of the book to 1500, Oxford, July 1988, Los Altos Hills, 1990, p. 103-115.
Lionel Le Corre, Présence et pratique de la couleur dans une Bible historiale parisienne des années 1330 : le manuscrit 22 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, (s. l.), (1991), 106 p. (Mémoire de maîtrise en histoire de l’art, Paris IV Sorbonne, 1990-1991).
Dieu en son royaume, la Bible dans la France d’autrefois, XIIIe-XVIIIe siècle, Paris, 1991, n° 47 p. 63.
Marie-Thérèse Gousset, « Libraires d’origine normande à Paris au XIVe siècle », dans (P. Bouet & M. Dosdat), Manuscrits et enluminures dans le monde normand (Xe-XVe siècles), Caen, 1999, p. 169-180 (sur Geoffroy de Saint-Léger, p. 170-173).
Patrick Kernevez & Frédéric Morvan, « Généalogie des Hervé de Léon (vers 1180-1363) », dans BSAF, 131, 2002, p. 309, transcription et fac-similé du f. 545 (voir texte sur Tudchentil).
R. H. & M. A. Rouse, Manuscripts and Their Makers : Commercial Book Producers in Medieval Paris, 1200-1500. London : Harvey Miller, 2000, I, p. 206-208 et notes p. 378-379, II, Appendix 8C.
K. Busby, Codex and Context, 2002, p. 699-701.
Jean-Luc Deuffic, « La Bible historiale d’Hervé de Léon : manuscrit Bibliothèque Sainte-Geneviève 22 », dans Pecia, 4, 2004, p. 110-113.
Diane Booton, Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany, Ashgate, 2010, p. 196, 198, 200, 290, 305.

(1) Acte concernant la \”Maison d’ardoise\” d’Hervé de Léon :
Par devant le prevost de Paris, en jugement, est produit l’acte suivant : « Charles, duc de Bretagne, en nostre court, à Jugon, personnellement establie noble dame Marguerite d’Avaugor, dame de Noion, femme de noble homme et puissant mons. Hervé de Léon chevalier, sire de Noion, recognut et confessa que le dit mons. Hervé son mari estoit absent hors du royaume de France, detenu prisonnier par les Anglois anemis du roy, et pour ce ne povoit bonnement requerre ne avoir auctorité de son dit mari a faire les choses ci en après escriptes ; pour quoi, elle voulant parvenir à la necessité de bonne delivrance de son dit seigneur et mari et pour l’evident besoing et prouffit d’icelui a establi . . . ses procureurs generaulx et especiaulx ses iraez, mons. Philippe de la Roche sire de Vaulx, mons. Riou de Rosmadouc et mons. Jehan de Léon sire de Montagu, chevaliers ; mons. Daniel le Neiret mons. Alain l’Escaf (A), prestres ; Hervé Raymond et Jehan Lemoine, et chascun d’euls pour le tout especialement pour obligier la dite dame ses biens, ses hoirs, par foy, par serement et par peines et par toutes les meilleures obligacions que l’on saura deviser 1 . . (23 mars 1343). — Sur quoi, par devant le prevost de Paris, « les quiex procureurs affermerent en vérité que pour la delivrance de la personne du dit mons. Hervieu de Léon qui, si comme ils disoient, estoit prisonnier du roy d’Angleterre en la ville de Londres, il avoient exposé et mis en vente entre les autres choses un hostel si comme il se comporte, qui est appelé la Meson d’Ardoise, lequel hostel o toutes ses appartenances led. mons. Hervé tenoit et poussédoit comme son propre heritage avecques touz les droiz, entrées, issues, court, jardin et la granche, assis à Paris en la grant rue S. Denis et aboutissant à la rue au Cygne, tenant d’une part tout au lonc à l’ospital de S. Jacques aux Pelerins, de Paris, et d’autre part devers la grant rue à la meson que l’en dit aus Trois Filles Dan Symon, et par devers la rue au Cygne la meson sur la porte, derrieres tenant à la meson Jehan Beaupignié et d’autre a la meson Hebert d’Ivry. Et est le dit hostel par devers la grant rue en la censive et seignorie du roy N. S., et par devers la rue au Cygne en la terre et censive que l’en dit de Jooigny, Iaquele est à present Jehan de Pacy, bourgeois de Paris ; chargié tout le dit hostel … en 20 1. 2 s. p. tant de fons de terre comme de crois de cens ou rente chascun an, deues aus censiers ci apres devisez . . (au curé de l’eglise de S. Pere des Arsiz 4 1. p.; à l’eglise de S. Magloire 48 s. p.; aus freres de la Trinité 8 s. p. ; à sire Pierre des Essars 40 s. p. ; aus hoirs de maistre Pierre le Breton 25 s. p. ; à Garnier Marcel 2 3 s. p. ; etc.) et les maistres et gouverneurs et aulcuns confreres dud. hosp. S. Jacques, pour ce que le dit hostel ou meson d’Ardoise leur estoit moult convenable pour le dit hospital, s’estoient trait par devers euls et leur en avoient offert bon et raisonnable pris, montant à la somme de six cent vingt livres parisis, lequel prix a eté payé en deniers d’or à l’escu pour treize soulz quatre deniers parisis la pièce »… Le 22 avril 1344 (Cote 178, dans Henri Bordier, Léon Brièle, Les archives hospitalières de Paris, Paris, Champion, 1877,p. 59-60).
(A) Alain Le Scanff chapelain d’Hervé VII de Léon, puis d’Hervé VIII, aux testaments desquels il assista, respectivement en 1341 et 1363, fit en 1338 une fondation de deux messes à l’abbaye Notre-Dame de Daoulas. A cet effet, Hervé de Léon l’autorisa à acheter 12 livres de rentes en ses fiefs de Léon ou de Cornouaille. En 1349, Alain gratifia le monastère augustinien des prévôtés de Sizun et de Ploudiry qui lui valut d’être inscrit en son nécrologe (J.-L. Deuffic, « Les documents nécrologiques de l’abbaye Notre-Dame de Daoulas », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 107, 1979, p. 127).

CREDIT ICONOGRAPHIQUE
Bibliothèque Sainte-Geneviève
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier

23 Fév 2011
Jean-Luc Deuffic

A la recherche d’un unicum : le Livre d’heures imprimé à l’usage de Quimper (ca 1530, vve Thielman Kerver ?) de Conrad d’Einsiedeln

Préparant un Inventaire des Livres d’heures bretons je suis en quête d’un unicum, un Livre d’heures imprimé à l’usage du diocèse de Quimper passé en vente chez l’antiquaire allemand de Munich, Ludwig Rosenthal au début du XXe siècle. Encore que l’exemplaire en question restait incomplet de sa page de titre … Par bonheur nous possédons une description assez précise de l’ouvrage qui fut auparavant entre les mains du bibliophile français Ambroise Firmin-Didot (A)


Feuillet du mois de mars. On remarque dans une petite cartouche, à droite et à gauche, une date : 1535 ?

Petit in-8° à caractères gothiques sur vélin. Trois parties en un volume. Caractères rouges et noirs. On lit au bas du premier folio de chaque cahier : Corisop, et au bas du f. lxv des Suffragia sanctorum au début de la table : Festa immobilia in curia officialatus corisopitensis obseruata.
Première partie n. c. : 36 f., aa-dd8, ee4 (le titre et le f. 36 manque dans l’exemplaire Rosenthal (Aa-ee, 37 f., dans Brunet). Elle contient l’Homme anatomique et le Calendrier, avec des quatrains en latin et en français ; ensuite les jours de la sepmaine moralisez, en vers français, la maniere de bien vivre, l’Examen de conscience, le testament du pelerin, oraison a bien dire au matin, et autres pièces en français, suivies de la passion de nostre seigneur, en latin, les quatre évangiles, les Heures de la Passion.
Seconde partie : a-i, f. i à lxxij. 72 f. chiffrés. Horae.
Troisième partie : A-l. f. i à lxv. 65 f. chiffrés et 3 f. non chiffrés pour la fin de la table, le cahier l complet en 4 f. Horae sanctorum
Le volume se termine par une table des matières où nous apprenons qu’au revers du titre il y avait un almanach pour seize ans. Le titre de l’exemplaire Rosenthal a été enlevé avant 1627, la signature de Conrad d’Einsiedeln (1), possesseur du volume à cette date, se trouvant écrite au bas de la première page.
Décoration : 62 gravures (63 selon Graesse), « sans analogie avec celles des Livres d’heures de Paris de la même époque, excepté les 12 grands sujets représentant les occupations des mois, qui sont des copies des Heures à l’usage de Notre-Dame d’Angers, imprimées par Thielman Kerver en 1530 (1)… Les caractères employés sont ceux des premières Heures de Pigouchet » (Didot, Catalogue, n° 881).
Dans la vignette du f. 62v, 2e partie, relative à la légende d’un chanoine de Paris, on lit le nom Bruno sur la robe du premier personnage à gauche, qui est le nom de ce personnage même. Plusieurs gravures ont le caractère germanique ; celle de s. Michel (f. 30, 3e partie) porte au bas le monogramme composé des lettres P D V (Pierre de Vingle ?) ; elle se trouve dans des Heures imprimées par Nicolas Higman pour Simon Vostre.

Il est intéressant de noter dans ce contexte que des Heures en langue bretonne ont été imprimées en 1576 par Jacques Kerver, dans lesquelles plusieurs illustrations ont été utilisées par Thielman Kerver. Voir sur cet ouvrage : Jean-Luc Deuffic, \”Les Heures bretonnes à l’usage de Quimper de Gilles de Kerampuil\”, dans Pecia, 4, 2004, p. 118-126, suite à la (re)découverte d’un exemplaire complet aujourd’hui conservé à la Rylands de Manchester ; et l’analyse de Léopold Delisle, en ligne sur Persée.

Source et illustration : Catalogues Rosenthal

Notes :
(A) \”Selon A. Jammes, Ambroise Firmin-Didot « a été sans doute le plus grand bibliophile de son siècle ». A la tête d’un véritable empire du livre, il confia vers 1855 à son fils et à son neveu la direction de ses usines et consacra les vingt dernières années de sa vie à ses travaux d’érudition et à son exceptionnelle collection de livres rares, de manuscrits enluminés et d’estampes. Les 3320 pièces les plus précieuses furent dispersée en six ventes posthumes et décrites dans de prestigieux catalogues dont les exemplaires de luxe comportaient des reproductions en phototypie\” (Catalogue de l’exposition Les Didot, imprimeurs de l’Institut de France, Bibliothèque de l’Institut, 12 septembre – 15 décembre 2005, fichier pdf).
(1) Einsiedeln, commune suisse du canton de Schwytz, située dans le district d’Einsiedeln. Cet élément est un témoignage supplémentaire de la circulation (parfois surprenante) des livres.

Biblio : J. G. Théodore Graesse, Trésor de livres rares et précieux, Genève, Slatkine reprints, 1993 (Fac-similé de l’édition de Dresde, R. Kuntze, 1859-1869, parue sous le titre : Trésor de livres rares et précieux ou Nouveau dictionnaire bibliographique), t. VII, p. 372, cite un exemplaire vendu 500 fr. dans la Catalogue Tross de 1864, n° I, 208.
Jacques-Charles Brunet, Manuel du libraire et de l’amateur de livres, t. V, Paris, 1864, c. 1685, n° 202bis ; Supplément 1, 621.
Bibliothèque A. Firmin-Didot. Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés, [Paris], Delestre, Labitte, Juin 1883, p. 65, n° 66. Catalogue raisonné des livres de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin Didot, t. I, Paris, 1867, col. ccc-ccci, n° 881.
Ludwig Rosenthal. Catalog 100. Seltene und kostbare Werke aus allen Fächern […], München [1898], p. 146-148, n° 825 (1500 fr.).
Ludwig Rosenthal. Katalog 111. Seltene und kostbare Bücher, München [1905], (1875 Fr.)
H. Bohatta, Bibliographie der Livres d’heures (Horae B.M.V) : Officia, Hortuli Animae, Coronae B.M.V., Rosaria und Cursus B.M.V. des XV. und XVI. Jahrhunderts, 2. verm. Aufl., Vienna, 1924, 386.
F. Duine, Inventaire n° 292.

Je remercie vivement Edith Rosenthal (Ludwig Rosenthal’s Antiquariaat) pour son aimable concours.   

(1) Thierry Claerr, qui travaille sur les KERVER, me fait justement remarquer que Thielman Kerver, mort en 1522, c’est sa veuve, Yolande Bonhomme, qui lui succède. Au reste, je n’ai pas encore trouvé référence aux Heures de Notre-Dame d’Angers mentionnées par la notice du catalogue Rosenthal.

13 Fév 2011
Jean-Luc Deuffic

Quelques copistes bretons dans les bibliothèques espagnoles

Dans un article à paraître dans le prochain volume 13 de Pecia Le livre et l’écrit, chez BREPOLS (« Copistes bretons du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles) : une première « handlist » … »), nous présentons 187 copistes identifiés comme étant d’origine bretonne, parmi ceux-ci un certain nombre d’après des manuscrits localisés en Espagne :

GUIDOMAR DE LESTANET. Madrid, BN, 517. François de Marchia, Commentaria in II-IV librum sententiarium. Parch. 104 f. 338 x 240 mm. « Explicit tractatus de principiis phisicis editus a magistro petro aureoli ordinis fratrum minorum. Guidomarus de lestanet brito leonensis diocesis me scripsit anno domini millesimo CCCmo XXXmo IIImo. Deo gratias » (f. 100v).  

HENRI GUILLOU. Valence, Bibliothèque Cathédrale, 10. Nicolas de Gorran, Postilles. « Expliciunt postille fratris ni // cholai de Gorran super psalte // rium. // Hic liber est scriptus per henricum Guilloti pro Sanctissimo patre // ac domino domino clemente papa sexto // cuius anima requiescat in pace // Amen. Anno domini millesimo trecentesimo // quinquagesimo secundo die iovis // ante ramos Palmarum ». Libraire à l’Université de Paris (1351/1353).

HERVÉ JESTIN. Barcelone, Archivo del Cabildo Catedral, cod. 35. « Herueus Iestini (?) brito compleuit istud opus [parisius] die sabbati in uigilia beati Andree apostoli fratri Geraldo de Ponte predicti ordinis anno M° CCC° quinto decimo, quos deus ducat ad gaudía paradisi. Amen ». « Expliciunt tituli super primum sentenciarum fratris Geraldi de Ponte predicatorum, completi per Herueum Britonem ».

JEAN DE VILLE NEUVE. Salamanque, BU, 1938. Jean de Galles (divers traités). Parch. 129 f. 315 x 225 mm. « Explicit breviloquium de virtutibus antiquorum. Deo gracias « (f. 14v). « Explicit communiloquium per manum Iohannis de Villa Nova par. anno Domini millessimo CCCo (subp. : sep) octuagessimo » (f. 66v). « Nomen scriptoris est Iohannes diocesis est Trecorensis egregii generis et cognomine de Villa dicitur esse Nova Guengampi ville Christi gratia sibi principio fine adsit omni tempore et possidenti sit laus et gloria Christi (f. 125v).

JEAN MELEC. Barcelone, Archivo de la Corona de Aragón, cod. Sant Cugat 14. Missel. Ca 1402. Parch. 490 f. 355 x 255 mm. « Scripsit Johannes Melec presbiter, oriundus de Britanie » (f. 488v). Prov. : monastère de Saint-Cugat del Vallès. Don de l’abbé Berenguer de Rajadell en 1409 (armoiries au f. 14r). Voir ici


© Ministerio de Cultura

YVES. Salamanque, BU, 2550. Jean XXII, Extravagantes. Première partie, f. 1-30. Parch. 320 x 190 mm. XIVe s. « Datum Avinioni, ii kal. octobris pontificatus nostri, anno iio. Vinum scriptori debetur de meliori // non de peiori quia se dedit ille labori // Nomen scriptoris est Yvo Corisopitensis. // Laus tibi sit, Christe, quoniam liber explicit iste » (f. 30r).

YVES. Tortosa, Archivo Capitular, 202. Nicolas de Lyre, Postilles. XIVe s. « Vinum scriptori debetur de meliori. Qui me scribebat yuonem nomen habebat et .. » (f. 171v).

YVES. Seu d’Urgell, Biblioteca capitular 2017 : « Yvo Dei lumen videat post tale volumen / Se consuletur Deus actibus auxiletur » [ voir ]

27 Nov 2010
Jean-Luc Deuffic

L’évêque Raoul du Fou (+1510) : un nouveau manuscrit …

Nous avons donné dans un ouvrage récent – Notes de bibliologie (Brepols Publishers, 2010) -, à propos des « manuscrits d’Yvon du Fou, conseiller et chambellan de Louis XI », une liste ce ceux possédés par son frère, Raoul du Fou, évêque successivement de Périgueux, d’Angoulême et d’Evreux. A cette liste doit être joint un Pontifical, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Denison de Claremont en Californie (USA) sous la cote Perkins 3. Il s’agit d’un manuscrit parchemin de 176 f. mesurant 280 x 213 mm, dont on trouvera une excellente description dans le catalogue de C. W. Dutschke, et Richard H. Rouse, Medieval and Renaissance manuscripts in the Claremont libraries, Berkeley, 1986, p. 93-96, et  fig. 38, 39. [ en ligne ]

Ce manuscrit est entré par la suite dans les collections d’Henry-Auguste Brölemann (15 septembre 1775-30 novembre 1854), fils de Jean-Thierry-Thomas Brölemann et de Marie-Georgette Belz, d’une famille originaire de Soest en Westphalie, qui fut conseiller municipal de Lyon, membre de la Chambre de Commerce. Sa bibliothèque échut à son petit-fils, Arthur-Auguste Brölemann (6 octobre 1826-23 février 1904), Président du tribunal de commerce de Lyon. lequel conserva les collections riches de plus de 4000 volumes de son grand-père. Voir : Henry Morin-Pons, Arthur Brolemann, 1826-1904 : esquisse biographique, Lyon, 1904. ; Claude Breghot du Lut, Catalogue des manuscrits et livres rares de la bibliotheque d’Arthur Broleman, Lyon, 1897. Mme Etienne Malet en fit vendre une grande partie chez Sotheby’s en 1926 : Catalogue of a collection of very important illuminated manuscripts and fine printed horae with a few early illustrated books formed during the early part of the nineteenth century by Henri Auguste Bröleman, and now sold by order of the present owner, his great-grand-daughter and heiress, Madame Etienne Mallet,\” Sotheby’s London, 4-5 May 1926. En l’occurence, Blanche Bontoux épouse d’Etienne Mallet, fille de Adolphe Bontoux (°ca 1818) et (x 1853) d’ Albertine Brölemann (°1831)
Ex libris A. Brölemann avec motto : Vigilentia et Prudentia.

Liens

Ex-libris de Brolemann (page Peter Kidd)

Henri Auguste Brölemann. né en 1775, mort en 185(4), marié à Pauline de Villas en 1799, cousine germaine de Elisée de Villas et de sa soeur ainsi que de Julie Belz de Villas (née de Villas, épouse de Nicolas Belz).
….
Arthur est un bon garçon de 30 à 32 ans, qui ne demandait pas mieux que de prendre la vie par le meilleur côté, mais que l’exemple de ses parents, et malheureusement le sot mariage qu’on lui a fait faire ont rendu vieux et un peu maniaque avant l’âge, partant mélancolique. Néanmoins sa gaieté de fond reparait de temps en temps, loin de sa femme et de sa famille. Son tic est le comme il faut: tout petit, il était propret et méthodique, plus tard il a tourné à la gravure de mode, sans cesser pour cela d’être -sauf dans le grand monde, où son tic gourmait de la cravate aux sous-pieds- très simple, causant et plein de cette bonhomie ouverte, rare de nos jours et qui tient lieu des dons plus dangereux de l’esprit, avec presque autant d’agrément pour la société. Des considérations de famille et de fortune lui ont fait épouser en 1853 sa cousine germaine Anna Sévène, fille d’une soeur de sa mère, pour laquelle il n’avait nul entrainement…. (Notes sur la société lyonnaise )


Illustration : Raoul du Fou entre saint Jacques et saint Maur. Evreux BM 99, f. 218. (c) irht-cnrs

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