4 Jan 2012
Jean-Luc Deuffic

In memoriam : Marie-Blanche Cousseau († 7 décembre 2011)

Ayant appris avec retard le décès brutal de Marie-Blanche Cousseau, survenu au début du mois de décembre dernier à Laval, je ne pouvais ne pas faire mention ici de cette jeune historienne d’art, à peine âgée de 35 ans. Marie-Blanche, spécialisée dans l’enluminure des manuscrits du XVIe siècle, s’était notamment intéressée à la production d’Etienne Collault (ou Colaud), objet en 2009 de sa thèse de 3è cycle à l’EPHE : Autour d’Etienne Colaud : recherches sur les enlumineurs à Paris sous le règne de François 1er, sous la direction de Guy-Michel Leproux.

La production enluminée parisienne du règne de François Ier demeure à ce jour mal connue. Aux quelques artistes à noms de convention qui ont pu être évoqués, seuls trois artistes ont fait l’objet de rapprochements entre des documents et des œuvres conservées. À la différence de deux d’entre eux, le troisième, Etienne Colaud, était encore mal étudié. La confrontation des actes documentant sa carrière avec des manuscrit subsistants permet d’identifier sa main dans un groupe de dix-huit volumes et de préciser le type d’activité auquel il se prêta, comme d’autre de ses confrères : celle d’un libraire. La notoriété qu’il s’était acquise et dont témoignent les textes et ses commanditaires réside certainement dans ce rôle qu’il assuma plutôt que dans la reconnaissance de son talent. À travers lui et par l’étude des sources d’archives est en effet livré un certain nombre d’indications sur les pratiques professionnelles du métier d’enlumineur, leur nombre, leur organisation. Quant aux œuvres subsistantes, leur examen permet de restituer à Paris son rôle de capitale dans le domaine de l’enluminure sous le règne de François Ier, puisque l’on n’y recense pas moins, au total, d’une trentaine de personnalités alors actives durant cette période.

J’avais eu l’opportunité de l’écouter lors d’un colloque organisé en septembre 2009 à l’INHA par la galerie Les Enluminures : Manuscript and printed books of hours : rupture and continuity. Son sujet tournait autour d’Etienne Colaud et des Livre d’heures …
Depuis le 1er février 2010 elle était  vacataire de recherches au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
Avec le décès de Thierry Delcourt survenu quelques semaines auparavant, l’histoire des manuscrits a perdu deux jeunes chercheurs talentueux.

Bibliographie
\”Les mémoires de Philippe de Commynes du Musée Thomas Dobrée de Nantes : un manuscrit parisien du début du règne de François 1er\”, dans Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, 2003, p. 119-142.
Documents d’Histoire parisienne (EPHE)
4, 2005
\”Mathieu de Louans et Dominique Boccador, maîtres généraux des œuvres du Roi \”
6, 2006
\”De l’expertise judiciaire à l’enseignement élémentaire : le métier d’écrivain à Paris dans la seconde moitié du XVIe siècle\”
10, 2009
\”Cadeaux et lettres tournures : art de l’écrivain ou art de l’enlumineur ?\”
 
\”Entre Rennes et Paris, la commande enluminée rennaise des années 1530-1550\”, dans Yves Mahyeuc (1462-1541). Rennes en Renaissance, éd. Augustin Pic et Georges Provost, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 309-324.
“Etienne colaud, enlumineur et libraire parisien : à propos d’un livre d’heures portant sa souscription”, dans Bulletin du bibliophile, 1/2010, pp. 11-35 :

Etienne Colaud’s name was, until now, traditionaly associated to the Statutes of the Order of Saint Mickael during the reign of Francis I, King of France. A Book of Hours with Colaud’s souscription, discovered on Art’s Market, allows a better knowledge about this illuminator who, little by little, devoted himself to a bookseller activity. The discovery of this Book of Hours has permitted a comparison between the documents concerning Etienne Colaud that have been preserved and the works that made up his career. We can now attribute eighteen manuscripts to this artist.

Lien : Histara (EPHE)

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